Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 27 septembre 2016

L'ex-GIA Merouane Benahmed affirme avoir été arrêté de manière brutale et disproportionnée


DRA 10  au  repos



Merouane Benahmed regrette peut-être déjà d'avoir franchi la frontière suisse à Vallorbe, avec sa femme et ses cinq enfants, afin de présenter une demande d'asile le 21 septembre. Lors de son audition au ministère public central du canton de Vaud le lendemain, il s'est plaint de la façon dont il avait été interpellé par les gendarmes du groupe d'intervention de la police cantonale vaudoise. « Je trouve que mon arrestation s'est passée de manière disproportionnée car j'ai été arrêté de manière brutale alors que je pensais que la Suisse était un pays de justice », lâche-t-il.

Son avocat déclare alors que Merouane Benahmed « présente une rougeur à la racine du nez du côté gauche qui semble être le résultat de coups portés lors de son arrestation. Il se plaint également d'avoir reçu des coups partout sur son corps. » Le défenseur du ressortissant algérien réclame qu'un constat médical soit effectué par le médecin de la prison. Ce témoignage contredit celui de Jean-Christophe Sauterel, le porte-parole de la police cantonale vaudoise, qui affirmait dans La Tribune de Genève du 23 septembre : « L'interpellation s'est déroulée sans aucun souci, discrètement, de manière efficace et sans heurts. »

Interdiction du territoire français

L'ancien membre du GIA assure que dès son arrivée sur le sol helvétique, il a décliné sa véritable identité « contrairement à ce qui figure dans les journaux ». « J'ai été menacé en France. J'ai des preuves », affirme-t-il. Merouane Benahmed, âgé de 43 ans, évoque des problèmes de santé, souffrant de rhumatisme lombaire. Sans ressources, il bénéficie en Suisse de l'assistance judiciaire gratuite, correspondant dans l'Hexagone à l'aide juridictionnelle. Toutefois son avocat souhaite conserver le plus longtemps possible son anonymat, afin de ne pas être « harcelé » comme Isabelle Coutant-Peyre, sa collègue française.

Que va-t-il se passer maintenant ? Merouane Benahmed a refusé son extradition, selon une formule simplifiée. La France a un délai de quarante jours, à partir de son arrestation, pour transmettre sa demande d'extradition ordinaire. En attendant, le ressortissant algérien (qui a refusé de prendre contact avec la représentation consulaire de son pays d'origine) est maintenu en détention extraditionnelle provisoire. Dans un document que Le Point.fr a pu consulter, Merouane Benhamed fait l'objet d'un arrêté du ministère de l'Intérieur d'assignation à résidence dans le département de la Mayenne dans les limites de la commune d'Evron. Une décision administrative fondée sur sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris du 14 juin 2006 pour des faits de terrorisme « à 10 ans d'emprisonnement et à l'interdiction définitive du territoire français ».

C'est sur ce dernier point que la défense de l'ancien dirigeant du GIA risque de jouer. En effet, comment la France, qui interdit définitivement à Benahmed de fouler son territoire, peut-elle dans le même temps demander à la Suisse de l'extrader pour qu'il retourne dans l'Hexagone ? De leur côté, les Suisses ne souhaitent guère abriter trop longtemps chez eux, même en cellule, ce personnage présenté par les autorités françaises comme « le chef de file d'une filière d'un réseau d'islamistes radicaux à visée terroriste ».

IAN HAMEL