Deux ans après la disparition du Boeing, Larry Vance relance l'hypothèse qu'on ne recherche pas au bon endroit, car, selon lui, le pilote contrôlait l'appareil.
Les thèses validant un crash volontaire du vol MH370 refont surface. Larry Vance, ancien enquêteur du Bureau de la sécurité des transports du Canada ayant travaillé sur plus de 200 affaires de crash, vient de déclarer dans le programme américain 60 minutes de CBS, que l'état du débris retrouvé du Boeing indiquait un atterrissage contrôlé. Larry Vance n'est pas n'importe qui : c'est notamment lui qui avait résolu le mystère du vol 111 de la compagnie SwissAir où 229 personnes avaient perdu la vie en 1998.
Le Boeing 777 de la Malaysia Airline a pour sa part disparu en mars 2014 lors d'un vol entre Kuala Lumpur et Pékin. 239 passagers étaient à bord. Ni les boîtes noires ni l'épave n'ont jamais été retrouvées, faisant du vol un des plus grands mystères de l'aéronautique moderne.
Les recherches, qui ont déjà coûté 120 millions d'euros, ont été menées principalement dans une zone de 120 000 km2 au cœur de dans l'océan indien, à 2 000 km de la côte ouest d'Australie. Mais ce périmètre a été délimité en établissant un scénario selon lequel le pilote automatique aurait précipité l'avion dans les eaux, une fois son carburant épuisé. La thèse de Larry Vance, qui privilégie un crash « piloté », invaliderait en partie cette hypothèse et donc la localisation de la zone de recherches.
La thèse du crash « contrôlé »
L'expert canadien se fonde sur l'état d'un débris retrouvé du Boeing 777. En juillet 2015, un flaperon (volet d'atterrissage) était découvert sur une plage de La Réunion. « Le fait que la partie arrière du flaperon soit arrachée sur toute la longueur de bas en haut suggère qu'il était en position basse au moment de son contact avec l'eau. C'est plus cohérent avec un amerrissage », expliquait notamment Gilles Diharce, un contrôleur aérien auteur d'un livre* sur le mystère du vol MH370.
Selon Larry Vance, l'état du flaperon, qui sert à contrôler le roulis, montre qu'il était déployé juste avant le crash. Or, déployer cette pièce nécessite une intervention humaine. Détail supplémentaire, l'aspect dentelé du débris lui semble ne pouvoir être expliqué que par l'érosion, non le choc : « Seule la force de l'eau a pu ronger le flaperon de cette façon. Il n'est pas cassé. S'il était cassé, ce serait une rupture nette. » Dernier point : si l'avion s'était crashé dans l'océan, il aurait été brisé en millions de morceaux. Or, on n'en a retrouvé que cinq. Autant de points qui plaident pour l'hypothèse d'un amerrissage contrôlé. Et invalident l'actuelle zone de recherches.
Des simulations de vol douteuses
Le pilote du Boeing 777 de la Malaysia Airline, Zaharie Ahmad Shah, avait plus de 33 ans de carrière derrière lui. D'autre part, ni lui ni son copilote Fariq Abdul Hamid n'avaient d'antécédents d'extrémisme religieux ou de problèmes psychologiques connus. Mais plusieurs indices peuvent alimenter la thèse d'un acte volontaire.
Outre le fait que la signalisation a été coupée volontairement et que l'appareil s'est détourné de son cap pendant 7 heures tout en évitant les zones surveillées par les radars, le bureau australien fait état d'un nouvel élément. Jeudi dernier, il annonçait publiquement que des simulations de vol jusque dans l'Océan indien avaient été retrouvées dans le simulateur personnel du pilote. Selon un proche du dossier consulté par Libération « il faut traiter cette information avec beaucoup de précaution. Ce sont des bouts de vols, il n'a jamais fait une simulation de vol complète. » Avant d'ajouter : « Il faut sûrement regarder davantage du côté des passagers. » En clair, un détournement d'avion.
Les recherches, qui devaient se terminer fin août, sont prolongées de quatre mois en raison du mauvais temps. Mais elles seront bientôt « suspendues », ont expliqué les ministres des Transports australien, chinois et malaisien. À moins d'une « nouvelle preuve crédible » d'ici la fin des opérations en cours. Reste à savoir si la thèse de Larry Vance est assez solide pour les enquêteurs.