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samedi 9 avril 2016

Paris n’envisage toujours pas d’intervention militaire en Libye




Pour casser le modèle économique des passeurs de migrants et contrer l’expansion de l’État islamique (EI ou Daesh) ainsi que celle d’autres organisations jihadistes en Libye, les puissances occidentales placent leurs espoirs dans l’installation, à Tripoli, d’un gouvernement d’unité nationale.

Actuellement, la Libye compte deux gouvernements : l’un, reconnu par la communauté internationale, est installé dans la région de Tobrouk, tandis que l’autre, soutenu par une coalition de milices en partie islamiste, est situé à Tripoli.

Mais tant que ce gouvernement d’unité nationale, qui doit être dirigé par Fayez al-Sarraj, n’est pas en place, il n’est pas question de mener une action militaire en Libye. Pour le moment, et si l’on en croit le général Donald Bolduc, le commandant des forces spéciales américaines en Afrique, un « centre de coordination de la coalition » a été mis en place à Rome, dans l’attente d’une demande d’assistance des autorités libyennes.

Cela étant, des opérations discrètes sont régulièrement menées contre la direction de la branche libyenne de Daesh, ce qui donne lieu à des frappes aériennes ciblées, réalisées par l’aviation américaine. En outre, des vols de renseignement sont aussi menés.

Mais, plus généralement, quelles actions pourront être entreprises une fois que le gouvernement de M. al-Sarraj sera installé? Et avec quels pays?

À en croire le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, il n’est absolument pas question d’une intervention militaire en Libye. « Il ne faut pas refaire les erreurs du passé. Si vous imaginez des frappes aériennes, si vous imaginez des troupes au sol, ce n’est pas d’actualité, en tout cas, ce n’est pas la position de la France », a-t-il dit, ce 8 avril, sur les ondes de France Info.

« Par contre, pour sécuriser le gouvernement de M. Sarraj, s’il demande une aide internationale, alors nous l’examinerons. Mais c’est sa décision, il faut respecter l’indépendance de ce pays », a ajouté le patron du Quai d’Orsay. « J’ai eu au téléphone hier M. Sarraj, qui m’a invité à venir en Libye. Aussitôt que les conditions seront réunies, je m’y rendrai », a-t-il précisé.

Seulement, la présence d’organisations jihadistes n’est pas le seul problème. Celle des passeurs de migrants en est un autre. « La Libye peut être un chaos et offrir aux passeurs, aux trafiquants de toutes sortes, l’occasion de mettre des populations entières en danger et ensuite de faire arriver en Europe, en Italie ou à Malte, des dizaines de milliers de personnes », a ainsi rappelé le président Hollande, le 7 avril.

Or, l’opération navale européenne Sophia, lancée en juin 2015, prévoit dans sa phase 3 une intervention sur le littoral libyen afin de détruire les embarcations utilisées par les trafiquants. Aussi, cela suppose un engagement possible de forces françaises pour mener cette mission à bien.

« Le rôle de notre diplomatie est de pousser les acteurs à parvenir à un accord qui seul permettrait à la force EUNAVFOR MED Sophia d’interpeller les passeurs dans les eaux territoriales libyennes. En effet, cette option n’est possible que si un gouvernement y appelle. Militairement réalisable, cette démarche doit absolument être entreprise avant le retour du beau temps ; sinon, nous serons confrontés à des mouvements de migrants que les membres de Daesh pourraient utiliser comme couverture, entraînant des risques considérables pour notre sécurité. Il faut donc impérativement faire aboutir cet accord politique; cela semble possible, mais vu le nombre d’échecs passés, on peut s’interroger sur la fiabilité des pronostics », expliquait, en février, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

S’agissant de l’accord politique évoqué par M. Le Drian, il reste encore compliqué à obtenir. Certes, l’arrivée surprise, à Tripoli, le 30 mars, de Fayez al-Sarraj, aura été une avancée. Mais la situation reste confuse, avec un gouvernement (celui qui n’est pas reconnu) dont on ne sait s’il a effectivement renoncé à ses pouvoirs.

En outre, M. Sarraj doit encore recevoir l’investiture du Parlement siégeant à Tobrouk (reconnu par la communauté internationale) mais ce dernier faut plus que de traîner des pieds. Après une demi-douzaine de tentatives, un nouveau vote doit avoir lieu le 12 avril prochain. L’enjeu est l’avenir du général Khalifa Haftar, le commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL). Si aucune assurance n’est donnée à son sujet, il y a fort à parier que le gouvernement d’unité nationale restera encore virtuel pendant longtemps…

Le nombre des terroristes de Daesh en Libye aurait doublé en un an

Le chef du commandement unifiée de l’armée américaine en Afrique a déclaré que le nombre de combattants de Daesh en Libye ne cessait de croître, alimenté depuis la Syrie et l’Irak. D’après ses estimations, ils seraient aujourd’hui 4 000.

«Les données du renseignement américain montrent que les effectifs de Daesh en Libye auraient doublé au cours des 12 à 28 derniers mois, pour atteindre près de 4 000 combattants», a déclaré le général David Rodriguez, le 7 avril, lors d’un point de presse au Pentagone.

Ces combattants de Daesh viennent de Libye, d’Irak et de Syrie, il y a aussi des anciens soldats de l’Armée nationale libyenne, selon David Rodriguez. Contrairement à la Syrie et l’Irak, Daesh manque de personnel connaissant la Libye et les conditions qui prévalent dans le pays, a souligné le responsable américain. «Les Libyens traitent et répondent également d’une manière différente avec les étrangers», a-t-il pouruivi.

Le général a ajouté que le bastion principal des terroristes en Libye était Syrte, foyer de Mouammar Kadhafi avant qu’il ne soit destitué. Plusieurs contingents de Daesh sont également basés près de Benghazi et de Derna.

Alors que les effectifs de la branche libyenne de l’organisation terroriste augmentent rapidement, cette dernière planifie aussi des attaques sur des cibles occidentales et américaines.

David Rodriguez a encore ajouté que le renforcement croissant de Daesh en Libye mettait en danger les efforts de consolider le gouvernement d’unité nationale qui pourrait l’emporterait contre le groupe terroriste.

Après l’intervention militaire occidentale en 2011, la Libye a sombré dans le chaos. Un gouvernement reconnu au niveau international siégeant à Tobrouk a voté pour rejeter le projet, soutenu par l’ONU, de formation d’un gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.

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