Tuer la branche afghane de l’État islamique (EI ou Daesh) dans l’oeuf : tel est l’objectif des forces américaines actuellement déployées en Afghanistan.
L’an passé, plusieurs rapport avaient en effet souligné les efforts de Daesh pour recruter des combattants en Afghanistan et, dans une moindre mesure, au Pakistan. » Il y a apparemment une expansion virale de la marque État islamique », mit en garde un comité d’experts des Nations unies.
Un constat partagé par le Pentagone et le général américain John Campbell, alors commandant de la mission Resolute Support de l’Otan. « Si on ne met pas la pression (sur les affiliés de l’EI), avec le temps, cela va continuer à prendre de l’ampleur », avait estimé ce dernier, en mai 2015. « Nous n’avons pas vu d’opérations à ce stade comme en Syrie. Mais avec le temps c’est ce qu’ils veulent faire. Donc il faut se débarrasser de cela maintenant », avait-il ajouté.
Profitant des dissensions internes au mouvement taleb afghan, suite à l’annonce de la mort de son fondateur, le mollah Omar, la branche afghane de l’EI, connu sous le nom de « Province de Khorasan », en avait profité pour élargir son influence en accueillant dans ses rangs des taliban déçus. Mais, au final, sa présence en Afghanistan se limite actuellement à la province de Nangarhar.
Mais, a priori, ce n’est qu’en janvier dernier que le président Obama a autorisé l’aviation américaine à frapper cette branche afghane de Daesh. Et, depuis, entre 70 et 80 frappes aériennes ont été effectués dans le cadre des opérations antiterroristes menées en Afghanistan.
« Nous estimons que les capacités de l’EI ont été réduites depuis cette autorisation », a affirmé le général Charles Cleveland, le porte-parole des forces américaines en Afghanistan, qui a donné ces chiffres à des journalistes, le 14 avril.
Selon les estimations des forces américaines, la « Province de Khorasan » compterait entre 1.000 et 3.000 combattants en Afghanistan. « La plupart sont d’anciens talibans afghans et pakistanais déçus par la direction du mouvement, ainsi que des islamistes ouzbèkes et locaux », a expliqué le général Cleveland.
« Leur présence a été réduite à Nangarhar », a-t-il précisé, avant de mettre en garde contre la capacité de Daesh à reprendre rapidement du terrain. « Nous voulons donc maintenir une pression constante sur eux », a-t-il dit.
Quant à al-Qaïda, ses combattants reviennent dans le sillage du mouvement taleb afghan. En octobre 2015, des frappes aériennes furent effectuées dans la province de Kandahar, afin d’y détruire deux camps d’entraînement de l’organisation fondée par Oussama Ben Laden.
Cela étant, le nombre de combattants d’al-Qaïda présents en Afghanistan va du simple au triple selon les évaluations. Les forces américaines en compteraient en effet entre 100 et 300.
Enfin, alors que le mouvement taleb vient de lancer sa traditionnelle offensive de printemps, le général Cleveland a dit que les insurgés « commencent à rétablir leur présence dans la province du Helmand. » Et d’ajouter : « On a constaté qu’ils passaient à l’offensive, particulièrement dans leur tentative de dégager certaines zones dans l’est de l’Helmand. »
Mais c’est à Kunduz, dans le nord du pays, que le mouvement taleb vient de lancer, comme l’an passé, une offensive importante. Selon le gouverneur de la province, Asadullah Omarkhil, des combats ont eu lieu dans la capitale provinciale ainsi que dans six districts. « Heureusement, les taliban ont été vaincus par les forces afghanes », a-t-il déclaré, ce 15 avril.