Le Conseil fédéral veut intégrer le plafond de dépenses voté par le Parlement dans son programme de stabilisation.
Le programme 2017-2019 prévoit des allègements budgétaires allant jusqu'à 1 milliard par an par rapport à la planification de juillet 2015.
(photo: Keystone)
La cure d'austérité de la Confédération n'empêchera pas l'armée de pouvoir dépenser jusqu'à 20 milliards de francs d'ici fin 2020. Le Conseil fédéral veut corriger son programme dit de stabilisation 2017-2019 afin d'y intégrer le plafond de dépenses voté par le Parlement.
Il a confirmé mercredi les grandes lignes du projet mis en consultation en novembre, en y apportant quelques modifications. Celles-ci ne seront toutefois communiquées qu'au moment de l'adoption du message au Parlement, prévu en mai, a annoncé le gouvernement.
Allègements budgétaires
Le programme 2017-2019 prévoit des allègements budgétaires allant jusqu'à 1 milliard par an par rapport à la planification de juillet 2015. Les dépenses devraient fondre presque partout, mais la cooopération internationale et la formation et la recherche sont particulièrement concernées. L'administration devrait également réduire ses ambitions de plus de 120 millions en 2019.
La copie mise en consultation prévoit de mettre l'armée à contribution de manière dégressive. Grâce surtout à une diminution de ses charges d'exploitation, elle devrait dépenser 131 millions de moins que prévu en 2017, puis 81 millions et 31 millions de moins en 2019. Les charges d'armement devraient rester intactes afin d'assurer le renouvellement strictement nécessaire du matériel.
Le relèvement du plafond de dépenses à 20 milliards pour 2017-2020 pourrait être satisfait grâce à un report de coupes. Le Conseil fédéral a en tout cas chargé les départements de la défense et des finances d'appliquer les économies prévues dans le plan financier 2018-2020.
Référendum lancé contre la réforme de l'armée
Un comité de citoyens ne souhaite pas la réduction de moitié de l'armée de milice.
Le comité craint une baisse de la sécurité si la réforme aboutit.
(photo: Keystone/Archives)
La réforme de l'armée, qui réduit l'effectif militaire à 100'000 hommes en uniforme, risque d'affaiblir la sécurité de la Suisse. Un comité de «citoyens inquiets» rassemblant plus de 80 personnes a lancé mercredi un référendum pour lui faire barrage.
Le comité veut que «la population suisse puisse décider si l'armée de milice doit être réduite de moitié ou pas», a affirmé mercredi devant les médias à Berne Martin Fricker, l'un de ses fondateurs, membre de Pro Militia. Ses collègues sont affiliés au groupe Giardino, qui soutient aussi une armée de milice forte et avait déjà annoncé un référendum.
«Le comité 'Pour notre sécurité - Non à la réduction de l'armée!' est politiquement neutre et a vocation à accueillir tous les mécontents, et non pas une ou deux organisations», a cependant assuré Willi Vollenweider, président du groupe Giardino. Celui-ci a déjà constitué un «trésor de guerre» pour investir dans la campagne aux côtés d'«une myriade de petits donateurs privés».
Les référendaires espèrent également obtenir le soutien de partis bourgeois cantonaux et de sections jeunes, notamment. «Nous estimons que l'ensemble du projet va coûter entre 200'000 et 400'000 francs», a détaillé M. Vollenweider.
Pour le statu quo
Le comité craint qu'avec la réforme de l'armée adoptée en mars par le Parlement, les effectifs militaires réduits de moitié ne soient plus en mesure d'assurer l'indépendance et la sécurité du pays. Il réclame que l'on maintienne le statu quo, soit une armée de 220'000 militaires astreints, «une ligne rouge».
Et de rappeler que l'effectif était de 800'000 hommes en uniforme au début des années 1990. «La situation sécuritaire devient cependant plus préoccupante pour la Suisse», a fait valoir Markus Müller, l'un des référendaires, évoquant les risques liés à la cybercriminalité et à un conflit aux portes de l'Europe dans un futur plus ou moins proche.
Il faut ouvrir «un débat démocratique, une discussion jusque-là étouffée» par le Département fédéral de la défense (DDPS), «son personnel n'ayant eu que l'occasion de se taire», a martelé Martin Fricker. De son avis, la réforme en l'état actuel irait aussi à l'encontre de la Constitution, puisqu'elle ne garantirait plus les principes de milice et de neutralité armée qui y sont ancrés.
Pas de budget évoqué
Par ailleurs, une révision de la loi militaire «n'est absolument pas nécessaire» pour fixer les améliorations prévues dans les domaines de la formation des cadres et de l'équipement de toutes les troupes, notamment. Le gouvernement aurait déjà dû procéder à «ces corrections et améliorations nécessaires» depuis des années.
A l'appui de ses propos, le comité n'énonce aucun budget. «Nous ne voulons pas faire la même erreur que les politiciens, à savoir présenter des moyens financiers et définir ensuite des priorités», a commenté M. Müller. «Et nous ne voulons pas marcher sur les platebandes du Parlement», qui sera chargé d'empoigner la question financière, a ajouté François Villard, représentant romand du groupe Giardino.
La récolte des 50'000 signatures nécessaires a commencé la semaine dernière, ont indiqué les référendaires. Elle se poursuivra jusqu'au 7 juillet prochain.
Le remplaçant du chef de l'armée intronisé
Le Valaisan Philippe Rebord succède à Dominique Andrey, auprès du chef de l'armée.
Troisième depuis la gauche, Philippe Rebord est âgé de 58 ans.
Agé de 58 ans, il succède du commandant de corps Dominique Andrey, nommé conseiller militaire du conseiller fédéral Guy Parmelin.
Entré dans l'armée en 1985, après avoir obtenu sa licence en lettres, Philippe Rebord a été nommé en 2001 commandant des écoles antichars à Chamblon et a conduit le projet Recrutement Armée XXI. Le Conseil fédéral l'a désigné à son poste actuel le 1er janvier 2014.
ATS