La grande muette retrouverait-elle une partie de sa voix ?
On peut le croire quand on lit la lettre adressée par trois généraux au président de la République. Nous connaissions déjà l’aventure de Christian Piquemal, interpellé le 6 février par les forces de l’ordre alors qu’il manifestait, presque par hasard en écoutant ses dires, aux côtés du mouvement PEGIDA France. Placé en garde à vue immédiatement (normal, il n’est pas « No Border »), il est dans l’attente de son procès le 12 mai. Devant le silence de ses frères d’armes adorateurs de Ponce Pilate, notamment les présidents de l’UNP (Union nationale parachutiste) et de l’Amicale légionnaire, on pensait que l’affaire s’arrêterait là.
C’était sans compter sur la réactivité de certains anciens chefs de l’armée française. C’est ce que nous révèle Le Figaro. Trois généraux ont adressé, ce vendredi, à l’Élysée, une lettre au président de la République sur sa « responsabilité » face à cette « zone de non-droit » qu’est devenue Calais. Comme le général Piquemal, ce sont des généraux de 2e section (2s). Il s’agit du général de corps d’armée Pierre Coursier, ancien gouverneur militaire de Lille, et des généraux Antoine Martinez et Jean du Verdier, tous deux aviateurs.
« Le président de la République française, en vertu de l’article V de la Constitution de 1958, est le garant de l’intégrité du territoire. » Ainsi commence la lettre.
« Sa responsabilité est donc engagée dès lors que des migrants illégaux entrent massivement en France, avec des points de fixation comme Calais et le Calaisis. »
Ne mâchant pas leurs mots, ils expliquent : « Cette partie du territoire est abandonnée de facto par les autorités de la République. » Puis déclarent : « Vous ne pouvez pas vous dérober à vos devoirs. » Et s’indignent de « la situation existentielle désastreuse qui est faite aux habitants de cette région, qui vivent dans la terreur des bandes mafieuses ». Ces hauts gradés estiment que le chef de l’État doit « négocier avec Londres et Bruxelles des modifications » aux traités du Touquet et de Schengen.
Ils n’oublient pas de dire un mot sur l’arrestation du général Piquemal, indiquant « qu’il s’est rendu pacifiquement sur place pour constater cette capitulation de l’État » et que « par une ironie blessante, il a été arrêté au nom de l’ordre public alors que les migrants illégaux demeurent libres de leurs faits et gestes pendant ce temps ». Ils demandent au Président de « prendre la mesure de l’indignation que ce paradoxe provoque dans le cœur de beaucoup de Français ».
Enfin, pour terminer (cerise sur le gâteau), ils donnent une leçon de logique et de savoir agir au locataire de l’Élysée : « Il convient, au lieu de s’acharner sur un soldat, fût-il général et patriote, de rétablir l’ordre public à Calais, ce qui suppose l’éradication de la “jungle” (une “jungle” peut-elle exister en République ?). Et le renvoi de tous les clandestins dans leurs pays d’origine. » Oui, vous avez bien lu !
D’après le quotidien, de nombreux autres gradés ont encouragé et approuvent cette apostrophe au chef de l’État, sans pour l’instant l’avoir signée. Nicolas Stoquer, secrétaire de l’association Conférence France Armée, à l’origine de cette lettre, souligne : « C’est l’urgence et la situation de crise qui les ont poussés à s’exprimer de manière décomplexée. »
J’espère et propose que d’autres généraux, officiers et sous-officiers se joignent à ce mouvement courageux de défense des Français.
Va-t-on entrevoir dans quelques mois la « colère des légions » ?
L’avenir nous le dira.