lundi 28 mars 2016
Aéroport de Bruxelles : des failles béantes dans la sécurité
La police de Zaventem avait déposé un préavis de grève, quatre jours avant les terribles attentats, pour réclamer davantage de mesures de sécurité.
Les attentats de Bruxelles auraient-ils pu être évités ? Alors que deux kamikazes se sont fait exploser dans l'enceinte de Zaventem mardi dernier, les membres du personnel de sécurité de l'aéroport tiraient déjà la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois. Le président du syndicat de policiers belge, Vincent Gilles, avait notamment alerté les autorités à la suite des attaques de Paris. "La sécurité est en danger à l'aéroport de Zaventem", s'inquiétait-il alors, cité par le site de l'Avenir.
La police de l'aéroport avait même déposé un préavis de grève, vendredi 18 mars, pour réclamer davantage de mesures de sécurité. Un combat qu'ils ne comptent pas abandonner, malgré les récents événements. En effet, alors même que Zaventem n'a pas rouvert ses portes, les policiers ont réaffirmé, dimanche, leur intention de se mettre en grève à partir de mercredi, rapporte la RTBF. "Les tristes événements du 22 mars démontrent que nos préoccupations sont justifiées. Nous exigeons plus de mesures de sécurité et de personnel", indique Alain Peeters, président de la section Brabant flamand du syndicat national du personnel de police et de sécurité (SNPS).
Des normes de sécurité insuffisantes
Parmi leurs revendications : l'augmentation des effectifs. "Dans un premier temps, on appelait le ministre de l'Intérieur à satisfaire la norme minimale établie par les accords de Schengen, qui établissait le nombre de policiers à 435 hommes, détaille Vincent Gilles dans les colonnes de l'Avenir. Il s'agit d'un chiffre établi… il y a quinze ans ! Cela fait des années que nous disons que c'est insuffisant au regard du trafic actuel." Pire, si les normes de sécurité de Schengen sont jugées insuffisantes, elles ne sont même pas respectées à Zaventem qui ne compte que "386-389 policiers".
Même son de cloche du côté de Pierre Goossens, du syndicat de défense des services publics, la CGSP Amio. Le syndicaliste évoque des problèmes au niveau des fouilles et même des trous dans le grillage du tarmac : "Des passagers montent dans des avions sans avoir été contrôlés", se désole-t-il. Et d'affirmer qu'il "serait facile d'introduire une bombe dans un avion", puisque "les gens se baladent facilement avec des badges provisoires".
Un journaliste prend l'avion sans être contrôlé
Des propos qui font écho avec l'expérience de la journaliste, Emmanuelle Praet. Trois mois après les attentats de Charlie Hebdo, la reporter avait réussi à pénétrer dans l'aéroport de Bruxelles, munie d'armes et de bombes similaires à celles qui ont explosé mardi. Un membre de l'équipe de l'émission 7 à la Une avait lui réussi à prendre l'avion de Bruxelles à Barcelone sans jamais que son identité soit contrôlée, raconte la RTBF.
Si les failles au sein de l'aéroport semblent nombreuses, ce n'est pas faute d'avoir tenté d'alerter le gouvernement assure Pierre Goossens. "Nous avions dénoncé les risques, des questions parlementaires ont été posées. La ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant avait tout démenti."
Alors faut-il y voir une négligence ? En novembre dernier, alors que Bruxelles redoutait une réplique des attentats de Paris, la ville était en état d'alerte maximum (4) : pas de transports publics, écoles et musées fermés... Mais l'aéroport de Zaventem était lui resté au niveau 3 et aucun vol n'avait pas été annulé.