Visiblement, la branche libyenne de Daesh n’est pas seulement implantée à Syrte et dans la région de Derna, comme cela est régulièrement avancé. Sa présence semble également relativement importante à Sabratha, localité située à 70 km à l’ouest de Tripoli.
La semaine passée, un raid aérien américain y a tué au moins une cinquantaine de membres présumés de l’organisation jihadiste, pour la plupart de nationalité tunisienne. L’un de ses cadres, Noureddine Chouchane, y aurait été neutralisé.
Quelques jours plus tard, soit le 24 février, profitant d’un vide sécuritaire, environ 200 combattants de Daesh ont réussi à occuper, pendant quelques heures, le centre de Sabratha, avant d’en être chassés par la coalition de milices « Fajr Libya », au prix de 18 tués dans ses rangs.
Ce dernier épisode a convaincu l’état-major de Fajr Libya (qui soutient le gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale) de passer à l’action… alors qu’il y a encore peu, il niait la présence de Daesh en Libye.
Au lendemain de l’occupation du centre de Sabratha, les miliciens de Fajr Libya ont donc reçu l’ordre d’attaquer les secteurs où se cachaient les combattants de Daesh. Des combats ont alors eu lieu dans deux localités sitées quelques kilomètres à l’ouest de la ville.
C’est ainsi que, à en croire la milice « Force spéciale de dissuasion », qui agit au nom du ministère de l’Intérieur du gouvernement de Tripoli, le chef de l’EI à Sabratha, Mohammad Saad al-Tajouri (ou Abou Sleimane) a été capturé, avec deux de ses proches collaborateurs, à savoir Salem al-Omari, alias Abou Zeid et Ahmad Dahim, alias Abou Hamza al-Tajouri. Les trois hommes ont été faits prisonniers à Tajourah, à 15 km de Tripoli.
La milice « Force spéciale de dissuasion » (ou Rada) fait partie de la coalition Fajr Libya. Elle est commandée par un certain Abderraouf Kara, un salafiste qui s’est donné pour mission de lutter contre le trafic de drogue et de « remettre la population dans le droit de chemin » (de l’islam). Selon ses dires, environ 100 combattants de Daesh seraient détenus dans ses prisons.
Dans le même temps, dans l’est du pays, les forces loyales au gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, ont été engagées dans de violents combats à Benghazi, contre des groupes armés, parmi lesquels des unités de l’EI.
Ces affrontements ont eu lieu dans le secteur de Sabri, non loin de la zone de Lithi, d’où des jihadistes ont été chassés, le 23 février, par les forces gouvernementales commandées par le général Khalifa Haftar.