Une part relativement conséquente du budget alloué au Pentagone sert à financer des programmes d’armement secret (black programs), dont l’existence n’est généralement révélée qie lorsqu’ils sont arrivés à maturité.
Le 2 février dernier, à l’occasion d’une communication sur l’enveloppe que comptait demander le Pentagone pour la prochaine année fiscale, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a évoqué quelques uns de ces projets élaborés en toute discrétion sous l’égide du « Strategic Capabilities Office » (SCO), dont celui appelé « Arsenal Plane ».
Pour cela, avait expliqué M. Carter, il serait question de transformer « l’un de nos plus anciens d’avions en une rampe de lancement pour différents sortes de charges utiles classiques ».
« Dans la pratique, l’Arsenal Place sera un grand magazin volant et fonctionnera en réseau avec des avions de 5e génération (F-22 et F-35) qui agiront comme des capteurs avancés, en combinant essentiellement différents systèmes déjà dans notre inventiaire pour créer de nouvelles capacités », avait ajouté le chef du Pentagone.
Lors de l’Air Warfare Symposium d’Orlando (Floride), une vidéo illustrant ce concept d’Arsenal Plane a été diffusée par l’US Air Force. On y voit un avion ayant combinant l’allure d’un C-130 Hercules et celle d’un B-52 Stratofortress larguer de nombreuses munitions intelligentes (en l’occurrence, des GBU-53B de Raytheon) sur des cibles après avoir été renseigné par des drones et apparemment un F-35 (l’image passe très vite). A priori, il s’agirait d’un appareil dronisé.
La secrétaire à l’US Air Force, Deborah Lee James, a toutefois tenu à préciser que cette vidéo était une « vue d’artiste ». « C’est encore un concept », a-t-elle dit. Mais « il n’y a pas eu de décision sur le type d’avion qui allait servir de support l’Arsenal Plane », a-t-elle ajouté.
A priori, cela fait longtemps que le Pentagone a un tel projet dans ses cartons. Dans les années 1980, Boeing avait même le projet de transformer un B-747 en bombardier pouvant emporter jusqu’à 70 missiles. Mais l’idée fut finalement abandonnée car les technologies n’étaient pas assez au point à l’époque – notamment au niveau de la précision des armes et de la mise en réseau avec d’autres plateformes – et un tel appareil aurait été bien trop vulnérable.
Par ailleurs, un autre projet mené par la Darpa, l’agence de recherche et de développement du Pentagone, reprend partiellement cette idée de « porte-avions » aérien. En novembre 2014, elle avait révélé un projet d’avion-mère pour des mini-drones, sur la base d’un C-130 Hercules.