Les quatre protagonistes se répartissent en deux groupes.
Les pilotes : Pascal Fauret et Bruno Odos, tous deux anciens de l’aéronavale. Ceux-ci nient farouchement toute implication dans le trafic de stupéfiants et expliquent qu’ils n’ont pas vocation, conformément à la réglementation internationale, à contrôler les bagages des passagers dans le cadre d’un vol commercial.
Les passagers : Nicolas Pisapia se présente comme investisseur et agent immobilier en Roumanie. Il prétend être un simple passager, mais cet ancien pompier marseillais est proche du commanditaire des vols, Franck Colin, installé lui aussi en Roumanie. Ce dernier est le seul mis en examen en France. Actuellement, il est écroué sous le régime de la détention préventive par le juge Christine Saunier-Ruellan.
Le deuxième est Alain Castany, ancien assureur, apporteur d’affaires dans le domaine de l’aviation d’affaire et pilote d’avion privé. Il a été condamné en mars 2002 à 18 mois de prison avec sursis pour escroquerie, détournement de fonds et enrichissement personnel. Renversé en octobre 2015 par une moto, il se retrouve dans un état grave et risque l’amputation. À noter que, juste avant son arrestation, il avait enfilé une veste de pilote pour faire croire qu’il faisait partie de l’équipage.
Derrière ces cinq individus se profile un personnage inquiétant, Ali Bouchareb, appelé Daryan, un caïd lyonnais, mis en cause par Franck Colin comme étant l’initiateur des trois vols entre la République dominicaine et la France. Arrêté en Espagne en flagrant délit en 2014, dans le cadre d’une enquête sur un réseau d’importation de cocaïne, recherché en France pour deux braquages, il est libéré de sa prison espagnole trois mois plus tard pour d’obscures raisons procédurières.
En lisant ces curriculum vitae, il est facile de réaliser que les deux pilotes, contrairement aux deux passagers, ne sont que les instruments involontaires de ce trafic. Certes, on peut leur reprocher de ne pas s’être posé de questions, mais il paraît difficile de les impliquer dans l’affaire. Pourtant, la justice dominicaine qui baigne dans la corruption veut régler certains comptes sans individualiser les responsabilités. La fuite leur paraît alors la seule solution, sachant qu’ils n’auront pas droit à un procès équitable. Profitant de leurs liens de camaraderie avec d’anciens de la « grande muette » et de l’expérience des « services », ils planifient leur départ. Mais ce départ, ils vont l’effectuer seuls.
Pourquoi ? En raisonnant, par simple déduction, il est facile d’arriver à une conclusion : parce qu’ils soupçonnent ceux-là mêmes qui ont affrété l’avion de les avoir trompés en étant partie prenante dans l’écoulement de la cocaïne.
Comptons sur la justice française pour nous en dire plus sur ces conjonctures dans quelques mois.
J.-P. Fabre Bernadac