Il aura suffi, la semaine passée, d’une rupture du câble sous-marin reliant Annaba (600 km à l’est d’Alger) à Marseille pour provoquer une panne géante d’Internet en Algérie pendant plusieurs jours, 80% des abonnés du pays ayant eu de grosses difficultés pour se connecter à la « Toile ».
C’est dire si ces câbles sous-marins par lesquels transitent les paquets de données d’Internet ont leur importance stratégique. D’autant plus quand l’on sait que les économies des pays occidentaux reposent chaque jour davantage sur les technologies de l’information.
Or, selon le New York Times, qui rapporte des confidences faites par des responsables du Pentagone, « les sous-marins et autres navires espions russes opèrent de plus en plus à proximité » de ces câbles sous-marins. Et ce niveau d’activité serait comparable à celui qui fut observé pendant la Guerre froide.
Reste à en connaître la raison. « Je suis inquiet à propos de ce que font peut-être les Russes », a affirmé le contre-amiral. Frederick J. Roegge, le commandant de la flotte américaine de sous-marins dans le Pacifique, en réponse à une question sur un possible sabotage de ces câbles sous-marins.
« Il serait inquiétant d’entendre qu’un pays trafique des câbles de communication », a, de son côté, déclaré le commandant William Marks, un porte-parole de la marine américaine, sans entrer dans les détails (classifiés).
En 1971, l’US Navy avait découvert, en mer d’Okhotsk, au nord du Japon, l’existence d’un tel câble, utilisé pour les communications de la flotte du Pacifique soviétique. C’est ainsi que, grâce au sous-marin USS Halibut, des renseignements importants furent collectés dans le cadre de l’opération Ivy Bell. Depuis, la marine américaine dispose de l’USS Jimmy Carter, qui assure le même profil de mission.
Les Russes cherchent-ils à en faire autant? Pour le Pentagone, ce serait un moindre mal… car la Russie est suspectée plutôt de préparer l’éventuel sabotage de ces câbles de fibres optiques en eaux profondes, là où il serait compliqué de les réparer, et de couper ainsi toutes les communications. Et cela, en cas de tension diplomatique ou de crise grave.
Une autre possibilité, qui n’exclut pas la précédente, est que les Russes cherchent à localiser les câbles sous-marins utilisés par l’armée américaine. Si les autres sont connus (ils suivent les même tracés que ceux déjà posés à partir des années 1860), ceux qui servent aux communications militaires sont cachés.
Quoi qu’il en soit, un navire russe suscite plus particulièrement les agences de renseignement : il s’agit du Yantar, un bâtiment présenté comme un bâtiment de recherche océanographique. Selon des responsables de l’US Navy, il disposerait de véhicules sous-marins ayant la capacité de couper les câbles. Vrai ou pas, il n’en demeure pas moins qu’il est surveillé de près par satellite… Et que ces mouvements paraissent suspects.