mercredi 7 octobre 2015
L'armée syrienne lance une vaste opération terrestre appuyée par l'aviation russe
Depuis le 30 septembre et le début des opérations en Syrie, l’aviation russe a effectué des frappes sur 112 cibles, principalement contre les groupes rebelles actifs près de la région de Lattaquié, l’un des derniers fiefs du régime syrien, les raids contre l’État islamique (EI ou Daesh) ayant nettement moins nombreux.
En outre, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a indiqué, ce 7 octobre, que 4 croiseurs de la flottille de la Caspienne avaient tiré une salve de 26 missiles de croisières sur 11 cibles. Ces dernières, a-t-il assuré, ont toutes été détruites avec une « précision de moins de 3 mètres ».
Les missiles en question ont parcouru près de 1.500 km pour atteindre leurs cibles (ateliers de fabrication d’explosifs, entrepôts de munitions, des camps d’entraînement) après avoir survolé l’Iran et l’Irak. L’on aurait pu s’attendre à ce que les navires russes actuellement en exercice en Méditerranée orientale soient sollicités pour de telles frappes.
Cela étant, comme pour la coalition anti-Daesh dirigée par les États-Unis, l’efficacité des frappes aériennes est remise en cause si ces dernières n’appuient pas des forces terrestres. Tout au plus permettent-elles de ralentir, voire de freiner, la progression d’un adversaire, comme cela a été le cas en 2014 quand l’EI était en phase de conquête dans le nord de l’Irak. Et ce n’est pas parce que des raids aériens sont menés par des avions russes que cela change quoi que ce soit.
D’où la déclaration faite ce jour par le président russe, Vladimir Poutine. Les prochaines opérations militaires russes en Syrie « seront synchronisées avec les opérations terrestres de l’armée syrienne, et les forces de l’armée de l’air (russe) soutiendront de manière efficace l’offensive de l’armée syrienne », a-t-il dit, lors d’un passage à la télévision.
Ces propos ont été tenus quelques heures après que l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a affirmé que des avions russes appuyaient un assaut des « forces du régime », c’est à dire l’armée syrienne et les milices chiites qui la soutiennent, dans l’ouest de la Syrie.
La Russie se dit ouverte à une coordination avec la coalition anti-EI dirigée par les États-Unis
Si l’aviation russe ne vise pas principalement les positions de l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie, il n’en reste pas moins que l’espace aérien syrien est actuellement très encombré. Et il le sera d’autant plus à l’avenir étant donné que la coalition internationale emmenée par les États-Unis envisage d’y intensifier ses frappes contre les jihadistes, comme l’a indiqué le lieutenant-général Charles Brown, qui dirige les opérations aériennes américaines.
D’ailleurs, ce dernier a indiqué que les avions américains et russes évoluent parfois dans des secteurs très proches. Un drone de l’US Air Force a ainsi été approché de près par un appareil russe et une vingtaine kilomètres ont récemment séparé deux F-16 basés à Incirlik (Turquie) ont côtoyé des Su-34 « Fullback » dans un rayon d’une trentaine de kilomètres.
Pour éviter des malentendus, voire même de frapper au même endroit, le Pentagone fait des propositions à Moscou afin de coordonner les actions des uns et des autres. Propositions qui ont été « examinées en profondeur », a assuré, le 7 octobre, le général Igor Konachenkov, un porte-parole du ministère de la Défense.
« Le ministère russe de la Défense a répondu aux demandes du Pentagone et examiné en profondeur les propositions américaines sur la coordination des opérations (menées) dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste Etat Islamique sur le territoire syrien » a en effet affirmé le général Konachenkov, cité dont les propos ont été rapportés par les agences de presse russes.
« Globalement, ces propositions peuvent être mises en place », a-t-il poursuivi. « Nous essayons seulement de clarifier de notre côté certains détails techniques qui seront discutés aujourd’hui entre des experts du ministère russe de la Défense et ceux du Pentagone », a encore précisé le porte-parole.
Ces déclarations ont été faites alors que la Turquie a protesté contre la violation, à deux reprises, et malgré les avertissements d’usage, de son espace aérien par deux avions russes, dont un Su-30 SM et un bombardier Su-24.