Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 2 juillet 2015

Opération "Barkhane" : deux soldats des forces spéciales françaises en garde à vue


Les faits remontent à dimanche dernier, et se seraient produits dans la piscine d'un grand hôtel de Ouagadougou, la capitale burkinabée. Les deux soldats, âgés de 36 et 38 ans, des caporaux-chefs membres des forces spéciales françaises présentes au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane, auraient commis des attouchements sur deux petites filles de 3 et 5 ans, franco-burkinabées, qui se baignaient dans la piscine de l'hôtel.

Les deux hommes auraient filmé la scène, avec une caméra Go-Pro, capable d'aller sous l'eau. "Il y a un soldat qui a filmé la scène avec une caméra quand le second effectuait les attouchements", a indiqué un haut responsable de la gendarmerie burkinabée, cité par l'AFP.

Des "amis de la famille"

L'une des victimes est "une mineure de 5 ans environ dont le père est burkinabé et la mère française", a poursuivi le gendarme, ajoutant que "les deux soldats sont des amis de la famille", chez qui ils ont "oublié la caméra" grâce à laquelle ils avaient auparavant enregistré leurs méfaits.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère de la plus jeune fille serait allée se baigner dans la piscine de l'hôtel de la capitale Burkinabé dimanche. Après avoir lié conversation avec les deux soldats de 36 et 38 ans, elle les aurait conviés à prendre un verre à son domicile.

Selon le témoignage de la jeune femme, un des deux hommes y aurait oublié sa caméra portative. Elle y découvre alors des images tournées dans la piscine. Notamment des scènes subaquatiques au cours desquelles les soldats se seraient livrés à des attouchements sur les fillettes.

La mère se serait alors rendue à l'ambassade de France pour dénoncer les faits, caméra à l'appui .

Réaction immédiate de la Défense

Rapidement informé des faits, le ministère de la Défense a immédiatement suspendu les deux soldats. "Une enquête de commandement a été déclenchée par le chef d'état-major des armées", le général Pierre de Villiers, a annoncé le ministère français. "Si les faits étaient avérés, l'armée se montrerait implacable à l'égard des deux personnes concernées", a souligné le ministère. Le parquet de Paris a ouvert dans la foulée, dès mardi soir, une enquête préliminaire pour agressions sexuelles sur mineurs.

La rapidité avec laquelle le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réagi à cette affaire tranche avec la prudence observée lors du précédent scandale de même nature, en Centrafrique, qui a écorné l'image de l'armée française. Jean-Yves Le Drian, informé dès juillet 2014 par les Nations Unies d'accusations d'abus sexuels sur des enfants en Centrafrique, avait alors saisi la justice française et lancé une enquête interne, comme au Burkina Faso, mais n'avait pas dévoilé l'affaire, ce qui lui fut reproché lorsque le scandale éclata au grand jour fin avril.

Adrienne Sigel