lundi 25 mai 2015
Selon l’Otan, le groupe État islamique recrute en Afghanistan
La proclamation d’un califat à cheval sur l’Irak et la Syrie divise la mouvance jihadiste entre ceux qui s’interrogent sur l’opportunité de faire allégeance au groupe État islamique (EI ou Daesh) en Irak et en Syrie et ceux qui, au contraire, veulent rester dans le giron d’al-Qaïda. Ce débat fait ainsi apparaître des tensions, comme on l’a vu récemment avec al-Mourabitoune, une organisation active dans la bande sahélo-saharienne.
Au début de cette année, la Defense Intelligence Agency (DIA, renseignement militaire américain) estimait que l’EI aurait du mal à faire de l’ombre à al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan, notamment en raison de la force des liens tribaux et d’une divergence profonde sur les objectifs à atteindre. D’ailleurs, notait-elle, les ralliements de commandants taliban, qu’ils soient afghans ou pakistanais, étaient « marginaux ».
Mais la situation évolue vite. Lors d’une rencontre avec la presse, le 23 mai, le général américain John Campbell, qui commande la mission Resolute Support, lancée par l’Otan pour appuyer les forces afghanes, a justement évoqué l’influence de l’EI en Afghanistan.
« Avec l’EI, il y a une dynamique différente de celle que nous avions l’année dernière », a-t-il affirmé. « Il y a du recrutement en Afghanistan, il y a du recrutement au Pakistan. Il y a de l’argent qui passe ici et là. Mais nous n’avons pas vu de grosses sommes. Et nous n’avons pas vu l’EI opérer (en Afghanistan) », a-t-il ajouté, remettant en cause, par la même occasion, la responsabilité supposée de Daesh dans un attentat commis à Jalalabad en avril.
Mais, a prévenu le général Campbell, « avec le temps cet été, si on ne met pas la pression, (sur les affiliés de l’EI), cela va continuer à prendre de l’ampleur ». Pour le moment, et alors que le mouvement taleb a lancé sa traditionnelle offensive de printemps, le chef de la mission Resolute Support a indiqué que Daesh n’avait pas encore de capacités opérationnelles en Afghanistan.
« Nous n’avons pas vu d’opérations à ce stade comme en Syrie. Mais avec le temps c’est ce qu’ils veulent faire. Donc il faut se débarrasser de cela maintenant », a ainsi affirmé l’officier américain, pour qui le Pakistan devrait faire front avec l’Afghanistan pour prendre en compte cette menace commune, notamment en « partageant des informations ». Ce qui est d’ailleurs prévu puisque Kaboul et Islamabad ont signé un mémorandum visant coordonner les opérations antiterroristes de leurs services de renseignement respectifs.
Quant à la nature de la présence de Daesh en Afghanistan, le général Campbell a précisé qu’il y avait « une part d’influence étrangère », relativement faible, cela dit. « Nous n’avons pas vu beaucoup de combattants étrangers de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs. Ce que nous voyons ce sont des talibans qui changent de marque. Il y voient un moyen d’obtenir davantage de ressources et d’attention. Nous avons vu des informations selon lesquelles dans le recrutement, l’EI paierait le double de ce que paie » le mouvement taleb, a-t-il expliqué.