samedi 16 mai 2015
Sahel : Du rififi chez les jihadistes d’al-Mourabitoune
L’enregistrement diffusé le 13 mai par l’agence de presse mauritanienne Alakhbar et dans lequel le groupe jihadiste al-Mourabitoune (Les Almoravides), via Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, son porte-parole, annonçait son ralliement à l’État islamique (EI ou Daesh), a suscité quelques interrogations au sujet de Mokhtar Belmokhtar, un de ses membres fondateurs.
Créé en 2013 après l’intervention militaire française contre les groupes jihadistes qui occupaient alors les grandes villes Nord-Mali et disposaient d’un sanctuaire dans l’Adrar des Ifoghas, al-Mourabitoune a réuni le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), dont est issu Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, et « Les signataires par le sang » de Mokhtar Belmokhtar, un transfuge d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) par ailleurs responsable de la prise d’otage meurtrière sur le site gazier algérien d’In-Amenas, en janvier de la même année.
Depuis, même s’il a perdu beaucoup de responsables grâce à l’action des forces françaises des opérations Serval et Barkhane, al-Mourabitoune a revendiqué plusieurs attaques meurtrières, notamment contre les casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali. Le groupe a également commis des attaques au Niger.
En 2014, et alors qu’il était critiqué au sein de la mouvance jihadiste, Belmokhtar avait réaffirmé son engagement après d’Ayman al-Zawahiri, le chef d’al-Qaïda. Et cela, alors que l’organisation fondée par Ben Laden était contestée par l’État islamique.
D’où la surprise avec l’annonce de ce revirement d’al-Mourabitoune… et les questions à son sujet. Belmokhtar est-il encore vivant? Adnane Abou Walid Al-Sahraoui a-t-il engagé toutes les composantes de l’organisation? Cette dernière subit-elle des tensions?
La réponse à ces interrogations a été donnée par Belmokhtar, qui, par la même occasion, a démenti les rumeurs au sujet de sa disparition. Dans un communiqué, il a en effet jugé l’acte d’allégeance à l’EI par al-Sahraoui « nul et non avenu » car il « ne respecte pas les conditions et règles de la Choura » [ndlr, l'organe de décision d'al-Mourabitoune] et par conséquent, « n’engage pas » le groupe « qui reste fidèle à son allégeance à Ayman al-Zawahiri sur la voie du jihad ».
On ne sait que peu de choses sur Abou Walid Al Sahraoui. Originaire du Sahara occidental, il serait âgé d’une trentaine d’années. La responsabilité de plusieurs opérations récentes lui ont été attribuées, notamment celles menées dans les secteurs de Gao et de Ménaka, localité malienne située près de la frontière avec le Niger.