Laurent Sourisseau, alias «Riss» est devenu le patron de Charlie Hebdo après la mort de Charb. Il est sous protection policière. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFP
Deux hommes ont été surpris par la police en train de photographier l'immeuble du directeur de Charlie Hebdo. L'un d'entre eux est « fiché S » pour ses liens avec l'islamisme radical.
C'est Le Parisien qui révèle cette inquiétante affaire. Deux hommes, dont un a des liens avec l'islamisme radical ont été aperçus en train de rôder autour de la maison de Riss mi-mai. Le mardi 12 mai, les policiers en faction ont vu un individu d'une trentaine d'années s'approcher du domicile de Laurent Sourisseau, dit Riss. Il aurait photographié à plusieurs reprises avec son smartphone la façade de l'immeuble, avant de filer en scooter. Un autre individu aurait fait de même le jour suivant.
Les policiers ont identifié les deux suspects. Et il s'avère que les deux individus ont des casiers judiciaires chargés, et que l'un d'entre eux appartient même à la mouvance islamiste radicale. D'après les infos du Parisien, l'individu serait visé par une fiche de sûreté de l'Etat. Appelé «fiche S» , ce système de fichage sans procédure judiciaire permet la mise sous surveillance d'un individu afin de «procéder à un examen discret de sa situation et «recueillir un maximum de renseignements». Sid Amhed Ghlam, l'apprenti terroriste qui avait fomenté un attentat avorté de justesse contre une église de Villejuif était lui aussi «fiché S».
Les deux «paparrazzi» au profil louche ont été entendus dans le cadre d'une audition libre. Selon Le Parisien, ils ont nié se connaitre et affirmé qu'ils étaient passé à proximité de l'immeuble par hasard, niant avoir pris des photos. Ils sont ressorti libres.
Riss: «Je ne vis pas avec la peur au ventre»
Interrogé sur Europe 1 sur l'inquiétude que suscitait en lui cette affaire, Riss s'est voulu confiant. «Je ne vis pas avec la peur au ventre, je crois qu'il faut être responsable. Il y a des services de police qui nous protègent, je voudrais les remercier pour tout le travail qu'ils font.»
L'ancien numéro deux de Charlie Hebdo, devenu directeur du journal après la mort de Charb est sous protection policière, comme tous les survivants. Blessé à l'épaule lors de l'attaque meurtrière du 7 janvier, il apprend à rééduquer son bras droit pour pouvoir dessiner à nouveau comme avant. Le dessinateur, devenu une cible privilégié des islamistes depuis qu'il a pris la tête du journal, doit subir une contestation à l'interieur même de son journal, due aux difficultés de l'après-Charlie. La lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement qu'il avait envoyée à la journaliste Zineb El Rhazoui, elle aussi menacée par les islamistes, avait fait polémique, montrant la triste image d'un hebdo enlisé dans la crise, incapable de gérer la manne financière suscité par l'élan de solidarité envers les victimes des Kouachi.