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mercredi 20 mai 2015

La Corée du Nord assure pouvoir miniaturiser des armes nucléaires


Le 9 mai dernier, Kim Jong-un a supervisé l'essai nord-coréen d'un missile balistique mer-sol. 
Crédits photo : KCNA/REUTERS


Les États-Unis ne croient pas que Pyongyang soit en mesure de produire des ogives nucléaires et ainsi d'armer des missiles.

La Corée du Nord a déclaré mercredi être en mesure de miniaturiser l'arme atomique. Cette étape est indispensable pour produire des ogives nucléaires. «Cela fait longtemps que nous avons commencé à miniaturiser et à diversifier nos capacités en termes de frappes nucléaires», a déclaré la puissante Commission nord-coréenne de défense nationale dans un communiqué rendu public par l'agence officielle KCNA.

«Nous sommes également parvenus au point où le degré de précision le plus élevé est garanti, pas seulement pour les missiles de courte et moyenne portée, mais également pour les missiles de longue portée», précise le communiqué. Des affirmations aussitôt démenties par les Etats-Unis. «Nous ne pensons pas qu'ils en soient capables», a rétorqué dans la journée un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.

La Corée du Nord disposerait de 10 à 16 bombes conçues à partir de plutonium ou d'uranium enrichi. Mais celles-ci sont trop volumineuses pour être placées à bord d'un missile balistique. Par le passé, la Corée du Nord a procédé à trois essais nucléaires, en 2006, 2009 et 2013, dont l'objectif était justement de réduire la taille des charges atomiques. Le régime a aussi fait montre de détermination en vue de maîtriser le lancement de missiles à longue portée. Après deux échecs, Pyongyang avait réussi à lancer fin 2012 sa fusée Unha-3, dont la portée est estimée à 6700 kilomètres. L'objectif affiché par le régime était de placer un satellite en orbite, mais la communauté internationale soupçonnait davantage le test d'un missile intercontinental.

Un coup de bluff?

Il y a un peu plus d'une semaine, Pyongyang a franchi une nouvelle étape. Cette fois, un missile balistique stratégique a été testé depuis un sous-marin. L'essai était supervisé par Kim Jong-un en personne. Et, si l'on en croit l'agence officielle KCNA, aurait été couronné de succès. Or, la menace nord-coréenne serait considérablement accrue s'il parvenait non seulement à mettre des têtes nucléaires sur des missiles, mais aussi à les embarquer dans des sous-marins.

L'information avait néanmoins laissé la communauté scientifique plutôt circonspecte. Les experts évoquaient même un coup de bluff. L'exercice aurait en réalité servi de test de la séquence d'éjection d'un missile et non un lancement proprement dit. En effet, l'envoi d'un missile mer-sol est une opération particulièrement complexe et, selon les spécialistes du secteur, le pays de devrait pas y parvenir avant 2020.

Bien qu'hypothétique, l'annonce avait fait réagir l'administration américaine. Ce lundi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a de nouveau mis en garde la Corée du Nord. Enfin, les dernières déclarations nord-coréennes interviennent le jour même de l'annulation d'une visite du secrétaire général de l'ONU, une première depuis plus de vingt ans. Ban Ki-moon devait se rendre dans la zone industrielle de Kaesong, située en Corée du Nord à une dizaine de kilomètres de la frontière. De quoi faire réagir - encore - la communauté internationale.