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mercredi 20 mai 2015

Daesh contrôle la cité antique de Palmyre après le retrait des forces gouvernementales de Bachar el-Assad


Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés mercredi 20 mai de la quasi-totalité de la cité antique de Palmyre, marquant un nouveau point contre le régime syrien et suscitant l'inquiétude pour ses trésors archéologiques.

Dans l'Irak voisin, une contre-offensive se prépare pour reprendre Ramadi, capitale de la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar tombée dimanche aux mains du groupe EI.

Les Etats-Unis, à la tête d'une coalition internationale anti-jihadiste, procèdent eux à un «réexamen» de leur stratégie en Irak promettant qu'ils «aideraient» les autorités à reprendre cette ville «dès que possible».

Réunion internationale le 2 juin

La situation sera au cœur d'une réunion internationale le 2 juin à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius soulignant qu'«il faut faire le point sur la façon dont la coalition souhaite procéder».

«Le groupe EI contrôle la quasi-totalité de Palmyre», a rapporté mercredi soir le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, faisant état d'un «retrait massif des forces du régime de tous les secteurs». Il a cependant précisé que les djihadistes n'étaient pas entrés dans la prison (est) ni au siège des services de renseignement militaires (ouest) où se trouvent un grand nombre de soldats.

Un militant originiaire de Palmyre, Mohamed Hassan al-Homsi, a indiqué à l'AFP via internet que l'armée de l'air avait lancé des raids sur Palmyre après que le groupe EI se soit emparé de la quasi-totalité de la ville.

Site inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité

Le groupe EI s'était déjà emparé du tiers nord de la ville dans l'après-midi. Contacté par l'AFP, le directeur des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim, avait alors affirmé que «la situation était très mauvaise», s'inquiétant du sort du site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité.

«Je suis vivement préoccupée par la situation du site de Palmyre. Les combats menacent l'un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile», a pour sa part déclaré mecredi la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova appelant à «un arrêt immédiat des hostilités sur le site».

Le groupe EI a déjà détruit des trésors archéologiques en Irak.

Importance stratégique

La cité de Palmyre, vieille de plus de 2000 ans, revêt une importance stratégique pour le groupe EI puisqu'elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d'Al-Anbar en Irak, qu'il contrôle déjà en grande partie.

C'est d'ailleurs le chef-lieu d'Al-Anbar, Ramadi, que le groupe EI a pris dimanche, infligeant un important revers à Bagdad et à son allié américain, qui soutient la lutte contre les djihadistes.

Les milices chiites ont «un rôle à jouer»

Ce sont les milices chiites soutenues par l'Iran qui devront prendre la tête de la contre-offensive pour reprendre Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), après l'appel à l'aide lancé par le gouvernement de Haider al-Abadi.

Les milices chiites étaient jusque-là tenues à l'écart d'Al-Anbar pour éviter de s'aliéner la population majoritairement sunnite de la province en grande partie contrôlée par le groupe EI.

Les Etats-Unis ont admis que les milices chiites avaient désormais «un rôle à jouer tant qu'elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien».

«Réexamen» de la stratégie

La chute de Ramadi, qui représente une «situation extrêmement grave», a poussé les Etats-Unis a «réexaminer» leur stratégie en Irak, a admis mercredi un haut responsable américain, promettant que Washington «aiderait» Bagdad à reprendre la ville «dès que possible».

Ce cadre du département d'Etat a par ailleurs annoncé que son gouvernement allait fournir «très bientôt» aux forces armées irakiennes «un millier» de systèmes de missiles antichars.

Les Etats-Unis veulent également accélérer la formation des tribus sunnites locales pour qu'elles aident à reprendre ce chef-lieu de la plus vaste province d'Irak d'où ont fui quelque 40'000 habitants ces derniers jours.

Bagdad se tourne vers Moscou

«Nous étudions comment soutenir le mieux possible les forces au sol à Al-Anbar, en particulier en accélérant la formation et l'équipement des tribus locales et en soutenant l'opération pour reprendre Ramadi», a dit le Conseil de sécurité nationale.

La prise de Ramadi est la victoire la plus significative du groupe EI depuis qu'il a conquis de vastes régions en Irak à la faveur de son offensive lancée en juin 2014, qui a entraîné une campagne aérienne internationale dirigée par les Etats-Unis pour aider l'armée à reprendre du terrain.

En visite à Bagdad, le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehgan, a affirmé que «soutenir l'Irak face aux crises sécuritaires fait partie de la politique immuable de l'Iran».

Bagdad veut aussi l'aide de la Russie face aux djihadistes. Le Premier ministre s'est rendu à Moscou mercredi pour discuter de cette question avec le président Vladimir Poutine, selon le bureau de M. Abadi.

Une conquête totale d'Al-Anbar permettrait au groupe EI de renforcer sa présence aux confins de la région de Bagdad, de la Syrie, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie.

AFP