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vendredi 3 avril 2015

Les jihadistes de Daesh ont été chassés de Tikrit par les forces spéciales iraniennes Al-Qods


le général iranien Ghassem Soleimani, le chef des forces d’élite Al-Qods



Le 2 mars, les forces irakiennes, aidées par des milices chiites soutenues par Téhéran, plus précisément par le général iranien Ghassem Soleimani, le chef des forces d’élite Al-Qods, ont lancé une offensive pour reprendre la ville de Tikrit aux jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh). Et cela, sans coordination avec la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Deux semaines plus tard, les autorités irakiennes ont indiqué que l’offensive était provisoirement suspendue afin d’éviter des pertes trop importantes, en raison de la présence de tireurs d’élite de Daesh et d’engins explosifs improvisés déposés dans la ville. Dans le même temps, un responsable militaire irakien a demandé un appui aérien de la coalition.

Pour cette dernière, il n’était alors pas question d’intervenir dans cette bataille en raison de la participation des milices chiites. Mais, les choses ont changé la semaine dernière. Ainsi, l’on a appris que l’aviation américaine fournissait des renseignements aux forces irakiennes. Puis que des avions de la coalition avaient effectué des frappes dans le secteur de Tikrit.

Patron de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, le général Lloyd Austin a expliqué ce revirement en affirmant que les milices chiites s’étaient retirées de la zone de Tikrit et que l’offensive était « désormais menée par environ 4.000 membres des forces spéciales et de la police irakienne ». Quatre de ces milices (Badr, Saraya al-Salam, le Hezbollah irakien et Asaïb Ahl al-Haq) avaient  même confirmé la suspension de leur participation aux opérations.

Mais visiblement, il n’en a rien été. Ainsi, les frappes de la coalition ont permis de reprendre l’offensive, laquelle a été victorieuse puisque Bagdad a annoncé, le 31 mars, la « reprise » de Tikrit. « Les forces irakiennes sont parvenues dans le centre-ville, ont levé le drapeau et sont maintenant en train de faire place nette », a ainsi assuré Rafid Jabouri, le porte-parole du gouvernement irakien.

Et la milice Badr a prétendu que des membres des unités de mobilisation générale (UMG), c’est à dire des forces pro-gouvernementales composées par des milices chiites appuyées par Téhéran, avaient participé aux récents combats aux côtés de la police irakienne. L’un de ses responsables, Karim al-Nouri, a même indiqué qu’il restait encore « des tireurs embusqués et de nombreux bâtiments sont piégés ». Selon Bagdad, la ville est en effet passée sous son contrôle à 95%. Pour des gens qui avaient suspendu leur pariticipation aux opérations, ils y sont en fait bien impliqués!

L’une des craintes suscitées par la participation de ces milices chiites à la bataille de Tikrit était de les voir se livrer à des représailles sur les populations sunnites, perçues à tort ou à raison, comme étant complices de Daesh.

En visite à Bagdad, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait même insisté sur la nécessité de mettre « sous contrôle du gouvernement les groupes de volontaires armés combattant en soutien au gouvernement » car, avait-il averti, « les civils délivrés de la brutalité de Daesh ne devraient pas avoir à craindre leurs libérateurs ». Cette question expliquait également les réticences de la coalition à appuyer l’offensive des forces irakiennes et des milices chiites, susceptibles de vouloir venger le massacre de Speicher, au cours duquel des centaines de leurs coreligionnaires furent abattus par les jihadistes.

Ces craintes étaient-elles fondées? Apparemment oui, si l’on en croit les renseignements reçus par Amnesty International. « Nous sommes très inquiets au sujet d’informations d’abus à large échelle commis durant l’opération militaire, dans la région autour de Tikrit », a affirmé Donatella Rovera, une responsable de cette ONG. « Nous enquêtons sur des informations selon lesquelles un grand nombre d’habitants ont été capturés début mars et dont ont est toujours sans nouvelles et sur d’autres faisant état d’attaques contre des maisons ou des commerces d’habitants qui ont été détruits à l’explosif ou incendiés après leur pillage par les miliciens », a-t-elle ajouté.