Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 3 février 2015

Opération Sentinelle : l'agresseur des trois militaires blessés à Nice était suivi par la DGSI


Les trois soldats ont été légèrement blessés mardi dans le centre de Nice, alors qu'ils patrouillaient devant un centre communautaire juif dans le cadre du plan Vigipirate. Le parquet antiterroriste a été saisi.

Trois militaires ont été agressés à l'arme blanche et blessés légèrement mardi dans le centre de Nice, alors qu'ils patrouillaient devant un centre communautaire juif dans le cadre du plan Vigipirate. Moussa Coulibaly, né en novembre 1984, s'est approché mardi du trio de soldats positionnés devant l'immeuble du consistoire, place Massena. Il est arrivé avec un sac. Feignant d'y chercher un effet personnel, il a soudain sorti un long couteau et a frappé directement le premier militaire à sa portée à l'abdomen. Celui-ci portant un gilet pare-balle, la lame a rebondi. Les deux autres militaires de faction ont aussitôt bondi sur l'agresseur, l'un d'eux a été sérieusement blessé au visage, l'autre plus légèrement à la main. Il a fini par être maîtrisé.

Selon une source proche des milieux du renseignement, l'agresseur présumé était suivi par les Services de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Etait-ce pour des soupçons d'islamisme radical? Une chose est sûre: la section antiterroriste centralisée du tribunal de grande instance de Paris a ouvert, très rapidement après les faits, une enquête. Ce qui autorise des moyens d'investigation renforcés. Sa garde à vue pourra désormais être portée jusqu'à 96 heures. Le parquet s'apprêtait ce mardi après-midi, à saisir la sous-direction antiterroriste de la DCPJ et la DGSI.

Un deuxième suspect arrêté

Moussa Coulibaly était déjà connu pour violence sur dépositaire de l'autorité publique ainsi que pour des vols aggravés. Un source proche de l'enquête affirme également que Moussa Coulibaly aurait été refoulé d'Istanbul, la capitale historique de la Turquie, la semaine dernière. Information qui, si elle devait se vérifier, attesterait du profil de djihadiste de l'agresseur de Nice.

Par ailleurs, la ville de Nice affirme que sa police municipale aurait appréhendé et remis à la police nationale le jour même, un possible complice de Moussa Coulibaly. Ce dernier aurait été, selon les services du maire de Nice, Christian Estrosi, arrêté, juste avant l'agression, dans le tram de la ville, sur un simple contrôle, car il circulait sans billet.

Des témoins ayant affirmé que Moussa Coulibaly était apparemment accompagné durant ce trajet, les enregistrements des caméras de vidéo-protection de la ville ont été visionnés. Ils auraient permis d'identifier un suspect qui a pu être arrêté par les municipaux et remis à la police nationale. Sans que le lien puisse, pour l'heure, être établi entre les deux hommes.

Selon les derniers éléments disponibles, l’auteur de cette agression, Moussa Coulibaly (ou Koulibaly), était dans les papiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après avoir été refoulé, la semaine passée, par les autorités turques.

« Cet homme avait attiré l’attention de la Police aux Frontières (PAF) à Ajaccio le 28 janvier car il avait pris un aller simple pour la Turquie », a expliqué une source proche de l’enquête. « Il a donc été signalé sans délai par la DGSI aux autorités turques qui l’ont refoulé », a-t-elle poursuivi. « A son retour, il a été entendu par la DGSI mais son entretien administratif n’a pas permis de recueillir d’informations suffisantes pour judiciariser son dossier », a-t-elle ajouté. La section anti-terroriste du parquet de Paris a été saisie de l’affaire.

Par ailleurs, d’autres incidents ont été rapportés par la presse régionale, au cours de ces derniers jours. À Villeurbanne, où un militaire avait déjà été blessé à l’oeil par un pointeur laser, un homme a été interpellé après avoir menacé des soldats avec une arme de poing (qui s’est révélée factice) et en proférant des injures antisémites.

Dans le Var, à La Seyne, un individu a été interpellé pour des faits plus anciens. Le 12 janvier, il avait foncé, en scooter, sur des militaires en faction devant une synagogue en criant « Kouachi » [ndlr, les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo]. Un des soldats avait même été frappé au visage.