Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 25 février 2015

Mort mystérieuse de l'ex-gendre du président kazakh


A quelques heures d'un procès où il devait témoigner, Rakhat Aliev, l'ex-gendre tombé en disgrâce du président kazakh Nazarbaïev a été retrouvé pendu dans sa prison viennoise.

Mais ses avocats ne croyaient pas ce mardi 24 février à la thèse du suicide.

Rakhat Aliev, 52 ans, a été découvert à l'aube, pendu à une patère dans les sanitaires de sa cellule. Il y avait été incarcéré seul, à sa demande, après avoir été, selon lui, victime d'un chantage de deux compagnons de cellule.

Le procès de ces derniers était justement convoqué mardi. Rakhat Aliev les avait accusés de lui avoir demandé de l'argent s'il ne voulait pas être victime d'un assassinat déguisé en suicide dans les douches de sa prison du quartier de Josefstadt.

Homme politique à la réputation sulfureuse et homme d'affaires en tous genres, il a longtemps été marié à Dariga, la fille aînée de Noursoultan Nazarbaïev, l'homme qui tient d'une main de fer l'ancienne république soviétique du Kazakhstan.

Longue disgrâce

Le Tages Anzeiger, dans une longue enquête parue en janvier, avait décrit Rakhat Aliev comme «l'un des hommes les plus puissants d'Asie centrale, qui voulait monter trop haut et que le clan (Nazarbaïev) a laissé tomber».

Il tombe en disgrâce dans son pays en 2007, après avoir, selon lui, évoqué des ambitions présidentielles. Ambassadeur en Autriche à cette époque, il fait défection. En 2011, on retrouve au Kazakhstan les restes profondément enterrés de deux dirigeants de la banque kazakhe Nourbank, qui étaient portés disparus depuis quatre ans.

Un tribunal condamne Rakhat Aliev à 40 ans d'incarcération pour leur meurtre, mais l'Autriche refuse par deux fois de l'extrader, estimant qu'il ne bénéficierait pas d'un procès équitable dans son pays. En 2008, le Kazakhstan le condamne également par contumace à 20 ans de prison pour «tentative de coup d'Etat».

Enquête autrichienne

Rakhat Aliev se présente dès lors comme un opposant à son ancien beau-père. Mais l'opposition kazakhe refuse tout contact avec lui, l'accusant d'avoir participé à la répression à partir du milieu des années 90.

En juillet 2011, la justice autrichienne finit par ouvrir une enquête pour les faits de meurtre et enlèvement, et décide de le juger à Vienne.

Celui-ci, qui a toujours clamé son innocence, s'éclipse à Malte, avant de se livrer volontairement en juin 2014 à l'Autriche.

Rakhat Aliev devait être jugé en avril avec deux coaccusés kazakhs. Son procès criminel devait aussi être l'occasion d'examiner les éventuelles protections dont il aurait pu bénéficier de la part d'hommes politiques autrichiens.

ATS