Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 8 février 2015

L'Europe va lancer un petit avion spatial expérimental


Le vaisseau rentrera dans l'atmosphère à la vitesse de 27'000 km/h. Sa forme aérodynamique le portera, lui permettant de voler brièvement avant que ses parachutes s'ouvrent et qu'il plonge dans l'Océan Pacifique.

L'Europe lance mercredi un petit vaisseau spatial expérimental, non habité, depuis Kourou en Guyane française. Baptisé IXV, le véhicule mesure cinq mètres de long et pèse environ deux tonnes. L'appareil, dépourvu d'ailes, volera un peu comme un avion lors de sa rentrée dans l'atmosphère. (8 février 2015)
Image: AFP



L'Europe lance mercredi prochain un petit vaisseau spatial expérimental, non habité.

Il s'agit d'une une étape clef pour la conception d'engins aptes à revenir sur Terre. L'appareil, dépourvu d'ailes, volera un peu comme un avion lors de sa rentrée dans l'atmosphère.

Baptisé IXV (prononcer à l'anglaise «I» «X» «V» pour Intermediate eXpérimental Vehicle»), le véhicule mesure cinq mètres de long et pèse environ deux tonnes. Il est installé au sommet d'une fusée européenne Vega devant être mise à feu mercredi à 14heures (en Suisse), depuis Kourou en Guyane française.

«Le retour d'orbite est une des disciplines les plus difficiles à réaliser dans le domaine du spatial», déclare Giorgio Tumino, responsable du programme IXV à l'Agence spatiale européenne (ESA). Si l'angle de rentrée est trop important, le vaisseau risque de brûler. Si il est trop faible, il risque de ne pas atteindre le point fixé pour son retour sur Terre.

Brève mission

La mission du véhicule expérimental sera courte: 100 minutes. L'IXV se séparera du lanceur 18 minutes après le tir, à 320 kilomètres de la Terre. Il montera jusqu'à une hauteur de 450 kilomètres puis entamera sa descente.

A 120 kilomètres, il rentrera dans l'atmosphère à la vitesse très élevée de 7,5 km par seconde (27'000 km/h). Le frottement avec l'air ralentira le vaisseau.

Sa forme aérodynamique le portera, lui permettant de voler brièvement avant que ses parachutes s'ouvrent et qu'il plonge à un point précis dans l'Océan Pacifique, loin de toute zone habitée. Un bateau se chargera de le récupérer.

Un bon savoir-faire

«L'Europe excelle à mettre des satellites en orbite. Nous avons aussi un bon savoir-faire pour réaliser des amarrages», comme l'a montré le cargo ATV. Mais nous sommes derrière les Américains, les Russes et même les Chinois en matière de rentrée dans l'atmosphère», reconnaît Giorgio Tumino.

Les Américains ont fait voler pendant trente ans leur navette spatiale avant de l'abandonner en 2011. Actuellement, les Russes sont les seuls à pouvoir effectuer des retours sur Terre d'astronautes grâce aux capsules Soyouz.

Projet précédent

Le Dragon de la société américaine SpaceX permet de ramener du fret. Et la Nasa a lancé avec succès en décembre son véhicule expérimental Orion dont la capsule a effectué sans problème son retour sur Terre. Ce nouveau vaisseau d'exploration spatiale aura notamment pour mission de transporter des astronautes vers Mars.

Dans les années 1980, la France puis l'Europe avaient de leur côté préparé un ambitieux projet d'avion spatial Hermès destiné à transporter des astronautes. Mais il a été abandonné en 1993.

Plus de 300 capteurs

Les premières études de faisabilité du IXV, projet beaucoup plus modeste, ont été lancées en 2006. L'appareil est développé depuis 2009.

«L'Europe a choisi une voie médiane entre les capsules, qui sont simples mais pas manoeuvrables à l'atterrissage et les véhicules avec des ailes, très manoeuvrables mais très complexes et coûteux», souligne Giorgio Tumino.

Conçu sous la maîtrise d'oeuvre de Thales Alenia Space, à la tête d'un consortium d'une quarantaine de sociétés européennes, IXV est équipé de plus de 300 capteurs pour recueillir une masse de données sur le vol.

Trois possibilités

Son système de protection thermique est très innovant, relève Giorgio Tumino. Lors de la rentrée dans l'atmosphère, l'énergie cinétique se transforme en énergie thermique et les températures atteignent jusqu'à 1700 degrés celsius. L'engin doit pouvoir résister à de telles températures.

En 2003, la navette américaine Columbia s'était désintégrée lors de sa rentrée dans l'atmosphère, entraînant la mort des sept membres d'équipage. Son bouclier thermique avait été endommagé au moment du lancement.

Si la mission IXV se passe bien, l'Europe aura franchi «un pas fondamental» en direction de trois possibilités à long terme: «les lanceurs réutilisables, le retour d'échantillons de l'espace et le retour d'astronautes sur Terre», relève Giorgio Tumino.

 ATS