La Misanthropic Division Schweiz a été fondée en automne dernier.
Certains membres habiteraient en Suisse romande.
Image: Facebook
Des Suisses soutiennent des groupes néonazis face aux prorusses dans le conflit ukrainien. C’est ce que révélait hier la SonntagsZeitung. Ces personnes – qui vivent pour certaines dans les cantons de Genève, de Vaud, du Valais ou à Saint-Gall – se sont regroupées sous la curieuse appellation Misanthropic Division Schweiz (Division misanthropique Suisse), mouvement fondé en automne dernier selon le journal.
Cassoulet et tenues militaires
Hier, sa page Facebook n’était plus accessible. Cependant, le 24 janvier, le groupe se vantait encore sur le réseau social d’avoir envoyé «sa première collecte d’aide pour les soldats sur le front». Il remerciait ainsi les participants (fautes comprises): «Un grand merci a tout ceux qui ont aider, plus que de simples mots.. – des actions! Nous continurons sans relâche a faire des collectes de dons pour les soldats, de nourriture, d’équipements militaire et medical. Merci de nous contacter si vous avez le ddésire d’aider! Ensemble pour la victoire des ukrainiens!» Deux photos venaient illustrer cette annonce, montrant quelques boîtes de conserve, des céréales, des biscuits secs, des tenues de camouflage, une paire de bottes ou encore deux drapeaux noirs portant le nom du groupe en lettres blanches encadrées de deux armes.
Qui se cache exactement derrière cette Misanthropic Division Schweiz? Difficile de le savoir. Les personnes que nous avons contactées n’ont pas répondu à nos sollicitations. La SonntagsZeitung évoquait, elle, un Genevois d’environ 25 ans, tatoué et fan du Moyen Age, qui ferait le lien entre l’Ukraine et la Suisse. Celui-ci aurait d’ailleurs écrit sur les réseaux sociaux: «Aidons les soldats dans leur combat contre les communistes impérialistes et pour une Europe blanche.» Outre la solidarité, le groupe récolte des fonds via des ventes de T-shirts ornés de motifs agressifs: têtes de mort, personnages masqués et armés, avec par exemple l’inscription «We’re coming for you» (Nous venons pour toi). Le groupe précisait que «100% des bénéfices» seraient transférés sur le front de Marioupol. La presse avançait le chiffre de 800 francs envoyés en décembre.
«Si cette filière est avérée, cela est très préoccupant et grave», réagit Nadia Boehlen, porte-parole d’Amnesty International Suisse. «Nous déplorons tout soutien à des groupes qui commettent des exactions et des violations des droits humains», ajoute-t-elle, martelant que la législation existante doit être appliquée en matière d’appel à la violence ou à la haine raciale. Or, la division suisse ne semble pas avoir dépassé les limites de la loi jusqu’à maintenant. Se rendent-ils coupables de quoi que ce soit, en récoltant des fonds, de la nourriture et des vêtements à l’intention de l’unité la plus brutale du front ukrainien? Hier, le Ministère public de la Confédération n’était pas en mesure de nous répondre.
Plus grave, selon certaines sources, des personnes au passeport à croix blanche sont parties combattre aux côtés des néonazis ou en sont revenues. La Suisse n’est pas le seul pays concerné par ce soutien aux militants d’extrême droite ukrainiens. La Misanthropic Division revendique une douzaine de groupes, aux Etats-Unis, en France, en Espagne, en Allemagne et en Italie.
Qu’est-ce que la Misanthropic Division?
Sur son site Internet, disponible en neuf langues, la Misanthropic Division se décrit comme un groupe paramilitaire, racialiste et national-socialiste qui a fait son apparition pendant la révolution du Maïdan, fin 2013. Elle est issue de l’Assemblée sociale-nationale regroupant ultranationalistes et néonazis. Le site précise: «Notre principal ennemi actuellement est la Russie mafieuse et néo-soviétique. Contre l’émergence de cette nouvelle forme de communisme moderne, tous les moyens sont bons.» Son chef, dans une interview au Telegraph, a même déclaré: «Notre mission historique est de conduire la race blanche à une croisade pour sa survie.» Aujourd’hui, la Misanthropic Division est engagée dans le bataillon composé de volontaires d’extrême droite Azov. Ce dernier avait été dénoncé par Amnesty International en août, pour mauvais traitements, extorsions, vols, détentions illégales et de possibles exécutions.