Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 16 février 2015

L’aviation égyptienne frappe des positions de l’État islamique en Libye



La vidéo diffusée le 15 février reprend les mêmes codes que celles produites par l’État islamique en Syrie et en Irak. Des hommes, vêtus d’une combinaison orange, marchent en file indienne sur une plage libyenne, les mains liées derrière le dos, accompagnés par ceux qui seront leurs bourreaux.

Ces derniers, habillés en noir, dissimulent leur visage sous une cagoule. Quant à leur chef, il porte un treillis « désert » et ne laisse entrevoir que son regard, dur et intraitable. S’exprimant en anglais, il fait penser à « jihadi John », le tueur des otages tombés aux mains de l’EI en Syrie. Il brandit son couteau comme lui, de la main gauche.

Une fois les prisonniers alignés, à genoux, le bourreau en chef se lance dans une violente diatribe contre les « croisés », soulignant que la plage où il se trouve est au « sud de Rome ». Puis il dit : « Cette mer dans laquelle vous avez jeté le corps de cheikh Oussama ben Laden, nous jurons de la remplir avec votre sang ». Pendant qu’il parle, la caméra s’attarde sur les visages des otages. Ce sont des chrétiens égyptiens, enlevés à Syrte en décembre. Leur rapt avait été revendiqué par l’EI un mois plus tard. Quelques uns remuent les lèvres, comme pour réciter une dernière prière.

La vidéo se termine par une séquence montrant une mer rouge du sang de des chrétiens égyptiens décapités par les tueurs de la branche libyenne de l’État islamique, avec une allusion à Camelia Shehata, une épouse d’un prêtre copte supposées avoir été enfermés dans un monastère après s’être convertie à l’islam, ce que l’intéressée a nié en 2010. « Nous allons conquérir Rome par la volonté d’Allah », a menacé, avant, le chef des bourreau.

Avec ce message, l’État islamique, auquel un groupe jihadiste implanté à Derna a fait allégeance en octobre, affirme sa présence en Libye, aux portes de l’Europe. Avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences sur la stabilité régionale et la sécurité du Vieux Continent, car il est à craindre que le territoire libyen devienne un pôle d’attraction pour les volontaires étrangers, au même titre que la Syrie et l’Irak… Si ce n’est pas déjà le cas.

Quoi qu’il en soit, et comme elle a été directement visée par le meurtre de ses ressortissants, l’Égypte a riposté après la tenue d’un conseil natioal de défense dirigé par le président Abdel Fattah Al-Sissi. Ce dernier a en effet juré de « punir les assassins de la manière adéquate ».

Ainsi, et selon des images de la télévision d’État, des F-16 des forces aériennes égyptiennes ont bombardé des positions de l’État islamique à Derna, située à la proximité de la frontière entre la Libye et l’Égypte, alors que la vidéo du meurtre a été tournée dans la province de Tripoli (« Wilayat Tarabulus » pour l’EI).

Au moins 8 frappes ont ainsi été effectuées. Via un communiqué, l’état-major égyptien a précisé que des sites d’entraînement et des dépôts d’armes de l’EI avaient été visés au cours de cette opération.