mardi 3 février 2015
Coup de filet contre la filière djihadiste : huit interpellés
Les individus arrêtés en Seine-Saint-Denis et dans la région lyonnaise, âgés de 22 à 46 ans, sont soupçonnés d’être impliqués dans une filière djihadiste vers la Syrie. L’opération antiterroriste a été menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Le combat «sans trêve ni répit» annoncé par Bernard Cazeneuve contre le djihadisme ne faiblit pas. Pas moins de huit djihadistes présumés ont été interpellés mardi en Seine-Saint-Denis et en région lyonnaise. Le coup de filet a été mené par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGDSI) et de la Direction de la Police Judiciaire de la Préfecture de Police, sur une commission rogatoire de plusieurs juges du pôle antiterroriste de Paris.
«Les individus arrêtés, tous actuellement en garde à vue, sont soupçonnés d’implication dans une filière djihadiste organisant des enrôlements et des départs vers la Syrie», a précisé le ministère de l’Intérieur. «Des perquisitions sont toujours en cours», a de son côté confié au Figaro une source proche du dossier.
Les huit suspects, âgés de 22 à 46 ans, ont été placés en garde à vue. Aucun lien n’a été établi avec les attentats qui ont semé la mort et l’effroi en France il y a trois semaines.
L’opération intervient une semaine après une série d’interpellations menée le 27 janvier à Lunel, ville de l’Hérault considérée comme l’un des bastions du «djihad à la française», où une vingtaine de jeunes sont déjà partis faire le djihad. Cinq personnes soupçonnées elles aussi d’être en lien avec des réseaux terroristes en Syrie et en Irak ont toutes été mises en examen et incarcérées.
Blocage des sites faisant l’apologie du terrorisme
«Près d’un mois après les attentats qui ont frappé Paris, cette opération est une nouvelle manifestation de la détermination totale des forces de l’ordre, sous l’autorité de la Justice, à lutter sans relâche contre le terrorisme», a martelé mardi Bernard Cazeneuve qui a en outre ajouté que «dès demain mercredi 4 février, une nouvelle disposition de la loi antiterroriste du 13 novembre 2014 entrera en vigueur».
En effet, le décret précisant «les conditions d’application du blocage administratif des sites Internet faisant l’apologie du terrorisme sera publié à l’issue du conseil des ministres. Celui sur le déréférencement de ces mêmes sites sera pris dans les prochaines semaines», a précisé l’hôte de la Place Beauvau.
La mesure d’interdiction administrative de sortie du territoire est «quant à elle applicable depuis le 14 janvier», sachant que les dispositions pénales, comme la répression accrue de l’apologie du terrorisme et celle créant le délit d’entreprise individuelle terroriste, sont également d’ores et déjà en vigueur.
161 procédures judiciaires sont ouvertes
«Nous ne pouvons nous en passer plus longtemps: la bataille contre le terrorisme est aussi une course contre la montre ; et le chronomètre tourne», insiste Bernard Cazeneuve qui a obtenu que tous les ministres de l’Intérieur de l’Union, réunis jeudi à Riga, «adoptent les propositions que la France avait formulées lors du sommet réuni ici-même Place Beauvau le 11 janvier». En premier lieu, la France entend pousser le projet d’un «Passenger name record» (PNR) européen visant à détecter les déplacements des djihadistes.
Selon un bilan révélé ce mardi, pas moins de 161 procédures judiciaires sont ouvertes concernant 547 individus impliqués dans des filières djihadistes. Parmi eux, a précisé le ministre, 167 ont été interpellés, 95 ont été mis en examen et 80 ont été écroués.
«Les nouveaux crimes ignobles perpétrés par Daech ces derniers jours ne font que renforcer la détermination du gouvernement à combattre le terrorisme chaque jour et chaque heure», considère-t-on place Beauvau. Un dernier état des lieux faisait état de 1300 Français et résidents en France en lien avec le djihad. Ce chiffre s’élève à 3000, si l’on y ajoute notamment ceux qui surfent sur des sites faisant l’apologie du terrorisme.