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samedi 10 janvier 2015

Une femme reste recherchée et l'alerte est maintenue




La France restait samedi sous la menace terroriste, le plan d'alerte étant maintenu à son niveau le plus élevé avant la marche prévue dimanche. Les forces de l'ordre recherchaient activement la compagne d'un des trois tueurs islamistes, qui ont assassiné en trois jours 17 personnes, dont 12 dans l'attaque contre "Charlie Hebdo".

Plan antiterroriste toujours en vigueur 

Le plan antiterroriste dans la région parisienne, élevé mercredi à son plus haut niveau, est maintenu pour les prochaines semaines, a dit samedi le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il sera même renforcé encore après les attaques de ces derniers jours.

«Nous sommes, compte tenu du contexte, exposés à des risques. Il est donc important que le plan Vigipirate, qui a été rehaussé dans la région Ile-de-France et qui fait l'objet de mesures particulières sur le reste du pays, soit conforté au cours des prochaines semaines», a souligné le ministre à l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée.

Mariée en 2009

Les frères Kouachi et lui ont affirmé avant d'être abattus s'être coordonnés et ont revendiqué leur appartenance respectivement à Al-Qaïda au Yemen (AQPA) et au groupe Etat islamique (EI).

Le procureur de Paris François Molins a révélé vendredi soir que des liens "constants et soutenus" existaient au travers de leurs compagnes entre Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. Il a précisé que cinq personnes étaient encore en garde à vue.

La femme de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, est détenue depuis mercredi par la police. La compagne d'Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, 26 ans, est devenue de son côté la femme la plus recherchée de France.

Liens entre leurs compagnes

Les frères Kouachi et Coulibaly ont affirmé avant d'être abattus s'être coordonnés et ont revendiqué leur appartenance respectivement à al-Qaïda au Yemen et au groupe Etat islamique.

Le procureur de Paris François Molins a révélé vendredi soir que des liens «constants et soutenus» existaient au travers de leurs compagnes entre Chérif Kouachi, et Amedy Coulibaly.

Amedy Coulibaly, déjà condamné dans une affaire d'extrémisme islamiste, avait rencontré Chérif Kouachi en détention, où il s'est radicalisé. Les deux hommes avaient été impliqués en 2010 dans l'enquête sur une tentative d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné pour un attentat dans le RER à Paris en 1995. Kouachi avait bénéficié d'un non-lieu. Coulibaly avait été condamné à cinq ans de prison en décembre 2013, peine qu'il a achevée de purger en mai compte tenu des remises de peine.

La femme de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, est détenue depuis mercredi par la police. La compagne de Coulibaly, Hayat Boumedienne, 26 ans, est devenue de son côté la femme la plus recherchée de France. Selon le procureur, Izzana Hamyd a «passé plus de 500 appels sur l'année 2014 avec la compagne de Coulibaly».

Cheveux longs, visage enfantin, Hayat Boumedienne est très religieuse et porte le voile intégral, ce qui l'a contrainte à renoncer à un emploi de caissière, détaille samedi le quotidien Le Parisien.

Née d'un père livreur, membre d'une fratrie de 7 enfants, elle a épousé Coulibaly religieusement en 2009. Sa mère est décédée en 1994, ajoute le journal.

Radicalisation

Les frères Kouachi, Français d'origine algérienne, avaient basculé dans l'islam radical, l'aîné s'étant entraîné avec al-Qaïda au Yémen alors que le cadet avait été impliqué dans une filière de recrutement de jihadistes pour l'Irak.

Amedy Coulibaly, délinquant multirécidiviste déjà condamné dans une affaire d'extrémisme islamiste, avait rencontré Chérif Kouachi en détention, où il s'est radicalisé.

Coulibaly, dont les parents sont d'origine malienne, a justifié son action devant les personnes qu'il retenait en otages, citant notamment l'action militaire française au Mali et les bombardements occidentaux en Syrie, dans une conversation enregistrée et diffusée samedi sur la radio RTL.

Une réunion de crise s'est tenue samedi matin autour du président François Hollande, qui doit permettre de revenir sur les opérations des derniers jours, de faire un point sur les mesures de sécurité.

Le chef de l'Etat français a salué «le courage, la bravoure, l'efficacité» des forces de l'ordre. Dénonçant la prise d'otages dans un supermarché casher comme «un acte antisémite effroyable», il a averti que «la France n'en a pas terminé avec les menaces».

Dans une vidéo diffusée vendredi, un responsable religieux d'al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa) a menacé la France de nouvelles attaques, a révélé un centre de surveillance américain des sites islamistes, SITE.

«Vous ne serez pas en sécurité tant que vous combattrez Allah, son messager et les croyants», a menacé ce responsable, Harith al-Nadhari.

Le bilan pour des actes terroristes en France est sans précédent depuis au moins un demi-siècle et laisse un pays en proie à un profond traumatisme et à de nombreuses interrogations sur son dispositif de sécurité.

Il y a eu «des failles»

Le Premier ministre Manuel Valls a reconnu «des failles» dans le renseignement, en raison du nombre des victimes, rappelant les «centaines d'individus qui partent en Syrie et en Irak», où ils sont «formés au terrorisme».

Chérif Kaouchi était bien connu des services de renseignements français, et les deux frères étaient inscrits «depuis des années» sur la liste noire américaine du terrorisme.

Ces tueurs «sont des gamins de France» qui ont été «fanatisés ici», constate amèrement «Libération». «Justice est faite» pour «Le Figaro», qui estime cependant, comme l'a dit François Hollande vendredi soir, que «ce dénouement ne marque pas (...) la fin de la guerre engagée contre notre pays par des fanatiques».

Manifestation dimanche

Dans une France bouleversée, une manifestation monstre se tiendra dimanche à 14h00 GMT en présence du président Hollande et de nombreux dirigeants européens dont la présidente de la Confédération Suisse; Simonetta Sommaruga le Britannique David Cameron, l'Allemande Angela Merkel, l'Italien Matteo Renzi et l'Espagnol Mariano Rajoy.

Une conférence sur le terrorisme dimanche à Paris réunira par ailleurs douze ministres de l'Intérieur européens et américain.

L'attentat contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts, dont les principaux caricaturistes du journal, et 10 blessés, a provoqué une onde de choc dans le monde entier, faisant naître un slogan de solidarité: «Je suis Charlie». Le hashtag #JeSuisCharlie" a passé vendredi la barre des 5 millions de tweets, a annoncé Twitter France.

ATS