Le commissaire de police chargé de rédiger un rapport sur l'entourage familial de Charlie Hebdo et retrouvé mort d'une balle dans la tête quelques heures après l'attentat.
Les téléspectateurs de l'émission Daily News & Analysis (DNA) de la chaîne indienne Zee News ont ainsi pu découvrir ce dont les Français ont été privés à ce jour : un reportage audiovisuel consacré à une affaire passée sous silence.
{nota bene : la vidéo a été curieusement supprimée du compte deux jours après la mise en ligne de l'article présent et le site de la chaîne ne comporte plus la page dédiée au sujet, relayée mardi 13 janvier via Twitter. Une copie, visible sous le lien originel ci-dessous, avait néamoins été réalisée par une usagère de Youtube}. https://www.youtube.com/watch?v=KEkB0Cf_M18
Le jeudi 8 janvier, la presse locale de Limoges (Le Populaire, France Bleu et France 3 Limousin) faisait état du décès d'un homme dénommé Helric Fredou. Âgé de 44 ans, ce directeur adjoint du service régional de la police judiciaire a été découvert mort dans son bureau, la veille, vers 1h du matin. Il se serait tiré une balle dans la tête avec son arme de service.
Le syndicat des commissaires de police a réagi via la publication d'un communiqué.
Mercredi 14 janvier, au lendemain des obsèques d'Helric Fredou, Panamza a contacté sa soeur -qui préfère demeurer non identifiée- afin de clarifier l'implication du policier, vaguement évoquée par la presse régionale, dans l'enquête relative à l'attentat de Charlie Hebdo. Extraits principaux de l'échange téléphonique :
- "Sur le coup, je me suis dit c'est pas possible, quelqu'un l'a flingué mais on est pas dans un film" : la soeur refuse de croire en la possibilité angoissante d'un meurtre mais continue de s'interroger sur les circonstances exactes de la mort du policier.
- "Pas de courrier laissé ni de plaque sur son bureau" : Helric Fredou n'a laissé aucune lettre pour expliquer son geste. De même, il n'a pas déposé sa plaque de police en évidence comme le font parfois certains de ses collègues retrouvés suicidés.
- "C'était quelqu'un de calme, avec un grand esprit de discernement selon son formateur" : la soeur a plusieurs fois souligné le sang-froid du policier tenu en estime par son formateur en raison de sa perspicacité et le fait qu'il n'était ni violent ni impulsif.
- "On nous a enlevé les ordinateurs et son portable perso, on nous a tout pris, ça nous a choqués mais c'est la procédure, nous a-t-on dit" : dans l'après-midi du 8 janvier, les policiers ont fouillé le domicile du défunt, en présence de sa mère et de sa soeur, avant d'emporter son matériel informatique et son smartphone personnel.
- "Ma maman, qui était très fusionnelle avec lui, est retournée contre la terre entière : elle veut savoir comment il s’est tué. Il a un pansement sur le front. Sur le côté, c'est trépané à cause de l'autopsie. À l'arrière du crâne, il n'y a rien": informée vers 5 heures du matin du décès, la soeur rapporte avoir dû insister pour accéder au corps du défunt. C'est seulement en fin de journée qu'elle et sa mère ont été autorisées à voir le corps d'Helric Fredou.
- "Mon frère avait lui-même trouvé deux suicidés -dont l'un à Melun- et avait dit à maman 'je te ferai jamais un truc comme ça', à savoir me tuer et te laisser seule. Il n'était pas dépressif" : en novembre 2013, Helric Fredou avait effectivement été le policier qui avait découvert le corps de son collègue Christophe Rivieccio, retrouvé mort dans le même commissariat de Limoges.
- "Mon frère était chez lui ce soir-là et comme il était de permanence, ils l'ont appelé et il est venu au commissariat vers 23h30… La journée avait été très tendue selon ses collègues…. Des policiers de Paris étaient présents dans la soirée… Il devait rédiger un rapport mais il y a eu des frictions, je ne sais pas sur quoi… Il leur a dit qu'il devait passer de toute urgence un coup de téléphone et comme ils ont vu qu'il ne revenait pas, un collègue est allé le chercher à son bureau et l'a découvert mort" : ce mercredi soir, des policiers partis procéder à des vérifications de sécurité auprès d'une famille de victime de l'attentat ont été débriéfés par Helric Fredou. Le témoignage de sa soeur apporte deux éléments troublants : des "frictions" se seraient manifestées entre policiers au sujet du rapport (finalement jamais entamé) que devait rédiger Fredou; dans ce contexte tendu, l'homme a été retrouvé mort quelques minutes après avoir déclaré à ses collègues qu'il devait à tout prix téléphoner à quelqu'un de non identifié.
- "Des gens de Paris sont descendus pour nous expliquer comment cela s’est passé" : la soeur souligne que des cadres de la police nationale se sont déplacés expressément le lendemain à Limoges et ont tenu à lui certifier qu'il s'agissait d'un suicide.
Selon la mère d'Helric Fredou, les policiers qui l'ont auditionnée lui ont expressément fait savoir qu'elle n'aurait pas accès au rapport d'autopsie. Le Code de procédure pénale prévoit pourtant qu'en cas d'autopsie judiciaire (pour suicide ou mort suspecte), tout membre de la famille peut en faire la demande auprès du Parquet. Inutile : tel est le message déjà envoyé à une mère endeuillée qui "veut savoir la vérité".
L'arme de service d'Helric Fredou n'était pas munie d'un silencieux. Sa mère a donc posé une question élémentaire à ses collègues : "Pourquoi n'avez-vous rien entendu alors qu'il était environ minuit?". Réponse : "Son bureau était bien isolé".
Selon la police, Helric Fredou aurait posé le canon de son revolver sur le front et la balle serait restée à l'intérieur du crâne.
Le médecin traitant d'Helric Fredou, avec lequel sa mère s'est entretenue jeudi 22 janvier, refuse de valider le portrait esquissé par les rares articles parus au sujet du policier, faisant état d'une prétendue "dépression" et d'un quelconque "burn-out".
Sa mère a voulu savoir à qui était adressé le dernier appel de son fils. Les policiers lui auraient rétorqué "On ne peut pas savoir" avant d'affirmer finalement qu'aucun coup de fil n'avait été passé.
D'après sa mère, Helric Fredou voulait passer un coup de fil important après avoir effectué deux choses : débriefer "trois enquêteurs" partis interroger la famille proche d'une victime de l'attentat de Charlie Hebdo (en l'occurrence, les parents de Jeannette Bougrab, compagne autoproclamée de Char) et consulter ensuite "les réseaux sociaux". C'est à ce moment-là que Fredou aurait réalisé une déduction tellement importante qu'il "voulait continuer de travailler". Précision importante : le"commandant" en poste ce soir-là (non identifié) aurait voulu se charger lui-même du débriefing des enquêteurs et de la rédaction du rapport mais Fredou aurait insisté en lui répliquant "C'est mon boulot". Le supérieur direct d'Helric Fredou est Gil Friedman, directeur du service régional de police judiciaire de Limoges.
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La "famille de victime" domiciliée aux environs de "Châteauroux" selon les journalistes de Limoges n'est jamais explicitement identifiée dans les rares articles faisant état de la mort d'Helric Fredou.
Curieuse omission : un simple recoupement, basé sur la consultation de la presse locale, permet de déduire qu'il s'agit des parents de Jeannette Bougrab, militante UMP qui affirme aujourd'hui avoir été la compagne du directeur assassiné de Charlie Hebdo.
Helric Fredou devait rédiger un rapport à leur sujet.
Panamza a également contacté la famille Bougrab. Peine perdue: dès les premières secondes, la mère de Jeannette Bougrab (présentée aujourd'hui par sa fille comme "mourante") a aussitôt déclaré :"C'est pas mon affaire, tout ça, allez, au revoir".
Rappel : la famille de Stéphane Charbonnier alias Charb a démenti toute forme d'"engagement relationnel" entre l'ex-patron de Charlie et Jeannette Bougrab. Clémentine Autain, proche du clan Charb, est allée encore plus loin en qualifiant l'ex-secrétaire d'État du gouvernement Fillon d'"usurpatrice".
Une chose est certaine à ce jour : les nombreuses interventions médiatiques (TF1, France 2, BFM TV, Canal+, BBC News, MSNBC) de Bougrab -une juriste réintégrée au Conseil d'État en vertu d'un arrêté du 11 juillet acté par Manuel Valls et Christiane Taubira- comportent les mêmes éléments de langage mais également des contre-vérités.
Exemple: dans un premier temps, elle a affirmé à Paris-Match avoir été "trois ans" avec Charb avant de se corriger et d'indiquer désormais qu'ils étaient ensemble depuis "un an".
Autre illustration : Bougrab prétend que sa fille appelait Charb "papa". Voici pourtant ce qu'elle déclarait, le 15 décembre dernier, au site du magazine Gala.
L’absence de père est aussi un sujet délicat.
« May m’a déjà demandé pourquoi elle n’avait pas de papa. Je lui ai répondu que nous en choisirions un ensemble et que ce serait encore mieux ».
La jeune femme rêve de se marier un jour et elle sait gré à ses parents de ne pas lui reprocher sa vie de célibataire.
Celle qui s'affiche dorénavant comme la veuve éplorée de Charb (un homme qui fut pourtant absent lors de sa dernière soirée d'anniversaire) avait déjà rendu hommage au caricaturiste sans préciser alors tout éventuel lien entre eux dans son autobiographie, sortie en janvier 2013. Extrait.
Stéphane Charbonnier et Jeannette Bougrab, 31.12.14
Qui est Jeannette Bougrab?
Jeannette Bougrab et Christophe Girard, dîner du Crif, 20.03.13
Durant l'automne 2014, Bougrab militait en faveur de l'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy.
Enfin, un élément d'information mérite ici d'être particulièrement souligné : la première personnalité publique à avoir évoqué un lien conjugal entre Charb et Bougrab est Caroline Fourest.
Rien ne permet, en ce jour, d'affirmer que le policier ait été tué pour le faire taire sur ce qu'il aurait inopinément découvert.
Néanmoins, au regard des zones d'ombre relatives à sa mort survenue dans un contexte de surexploitation politique de l'attentat, rien n'autorise également à évacuer d'emblée l'hypothèse d'un meurtre expéditif déguisé en suicide pour "dépresssion".
Dernier détail troublant : un homme aujourd'hui au sommet de l'État n'a publiquement exprimé aucune parole de compassion au sujet d'Helric Fredou alors qu'il était en contact régulier avec lui dans un proche passé. De 2010 à 2012, le policier occupait la fonction de commissaire central à Cherbourg. À la même époque, le député-maire de la ville côtière n'était autre que Bernard Cazeneuve, actuel ministre de l'Intérieur en charge de l'enquête sur l'attentat.