Lors de dernières discussions budgétaires, aux États-Unis, les responsables de l’US Air Force voulaient encore une fois retirer l’avion d’attaque au sol A-10 Thunderbolt II (ou Warthog) du service actif … Ce que les élus du Congrès leur encore ont refusé. « Nous allons en finir avec la meilleure arme d’appui aérien de l’histoire? », a même demandé le sénateur John McCain, qui préside désormais le comité des forces armées au Sénat.
Conçu pour détruire les chars du Pacte de Varsovie durant la guerre Froide, l’A-10 s’est en effet révélé redoutable dans les dernières opérations menées en Afghanistan et en Irak par les forces américaines, au cours desquels il a été très sollicité pour fournir un appui aérien aux troupes au sol. Gourmand en pétrole, loin d’être « furtif » et surtout rustique, cet avion aux lignes atypiques se caractérise par son canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, capable de tirer 3.900 obus par minute.
Avec le désengagement américain d’Irak en 2011 puis la fin des opérations de combat en Afghanistan, l’avenir du A-10 n’était plus du tout garanti. Pour l’US Air Force, son caractère « mono-mission » reste un handicap alors qu’il faut trouver des fonds pour l’arrivée prochaine du F-35A Lightning II, l’appareil dit de 5e génération dont le développement accumule les retards et surtout les surcoûts.
Finalement, le A-10 a de nouveau été engagé en Irak, dans le cadre de l’opération Inherent Resolve et de la coalition internationale emmenée par les États-Unis pour contrer les avancées de l’État islamique (EI ou Daesh). Ses missions peuvent par ailleurs être risquées : selon des médias irakiens, la semaine passée, l’un d’entre eux aurait eu à faire face, sans dommage, aux tirs de 4 missiles sol-air 9K32 Strela-2 (code Otan : SA-7 Grail), après avoir attaqué une position de l’EI dans la région de Mossoul.
L’aviation américaine a lancé ses premiers raids aériens dans le nord de l’Irak le 8 août 2014. Dans le détail, 60% des sorties aériennes assurées par la coalition l’ont été par l’US Air Force. Les 40% restants reviennent à l’US Navy et aux pays alliés qui ont envoyé des moyens aériens dans la région (dont la France).
Pour ce qui concerne uniquement les missions effectuées par l’US Air Force, 41% des sorties ont été effectuées par des F-16 et 37% par des F-15E. Les bombardiers B-1 Lancer ont mené 8% des missions. Et les vols des F-22 Raptor (dont le premier engagement au feu a eu lieu en septembre, en Syrie) représentent 3% du total.
Et les 11% restants? Ils reviennent aux A-10 Warthog du 163rd Expeditionary Fighter Squadron « Blacksnakes ». Par rapport au F-16 ou F-15, l’on pourrait trouver ces 11% modestes… Sauf que le « Phacochère », comme il est surnommé par ses pilotes, a été engagé en Irak seulement depuis fin novembre… C’est dire si son utilisation a été intensive au cours de ces dernières semaines.
Ce que les responsables de l’US Air Force cherchent à minimiser. Tous les avions participent aux opérations, a insisté Deborah Lee James, la secrétaire à l’Air Force. « Le A-10 n’est que l’un d’entre-eux, il y a aussi des F-16, des F-15, etc », a-t-elle ajouté.
« Mon point de vue est que l’A-10 est un grand contributeur, mais les autres avions le sont aussi. Même si nous avions des plans pour le retirer du service d’ici 5 ans, comme nous l’avons proposé [au Congrès] l’année dernière, nous l’aurions encore dans notre inventaire », a encore expliqué Mme James.