Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 29 janvier 2015

La police enquête sur le rôle de Djamel Beghal, le mentor de Chérif Kouachi et d’Amedy Coulibaly


Djamel Beghal a-t-il joué un rôle dans les récents attentats de Paris depuis le fond de sa cellule? C’est la question à laquelle la police judiciaire, en lien avec les policiers de l’antiterrorisme, tente de répondre. Pour savoir si ce détenu a récemment été en contact avec les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, les auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo et de la prise d’otages à l’Hyper Casher, les enquêteurs étudient le contenu d’un téléphone portable, retrouvé caché dans la cellule de Beghal incarcéré à Rennes, indique une source policière au Figaro, confirmant une information du Mensuel de Rennes. «Toutes les cellules de la prison ont été passées au peigne fin il y a quelques jours: on a notamment retrouvé un téléphone dans la cellule de Beghal, et dans d’autres, des cartes SIM et un système amplificateur Wifi», détaille cette même source, qui suppose que ces objets sont «rentrés à l’occasion de parloirs».

Cette saisie est particulièrement intéressante pour les enquêteurs, qui savent que Djamel Beghal, actuellement incarcéré à Rennes, connaît bien Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. Ces derniers ont rencontré le terroriste en 2005 à la prison de Fleury-Mérogis dans l’Essone, où il purgeait une peine de 10 ans de prison pour son implication dans un groupe ayant projeté un attentat contre l’ambassade des États-Unis à Paris en 2001. À ce moment-là, Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi sont respectivement condamnés pour délit de droit commun et appartenance à une filière de recrutement de djihadistes. C’est là qu’ils ont tous les trois tissé des liens d’amitié. Selon Libération, Coulibaly et son mentor auraient même été voisins de cellule. Les deux détenus tombent alors sous la coupe de Beghal, décrit par ses amis comme un «fin théologien».

Deux enquêtes ouvertes

Les années passent et les trois hommes continuent de se fréquenter. En 2009, Beghal sort de prison et se retrouve assigné à résidence à Murat (Cantal), en attendant une expulsion vers l’Algérie qui ne viendra jamais. L’année suivante, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly lui rendent régulièrement visite. Ensemble, ils planifient l’évasion d’un autre détenu, Smain Aït Ali Belkacem, un islamiste incarcéré à la centrale de Clarivaux dans l’Aube. Ce dernier a été condamné à perpétuité pourl’attentat de la station RER Musée-d’Orsay à Paris en octobre 1995. Les trois comparses sont alors arrêtés. L’opération a été déjouée par la police antiterroriste grâce à des écoutes téléphoniques. Chérif Kouachi bénéficie d’un non-lieu, Amedy Coulibaly prend 5 ans et Beghal, 10. Seul à avoir fait appel, sa peine a été confirmée en décembre dernier.

Comme en première instance, il a nié toute implication directe dans cette opération. Au lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, le jeudi 8 janvier, il a été placé «à l’isolement» par les surveillants du centre de détention de Rennes-Vezin. Depuis, son avocat Me Bérenger Tourné nie tout lien entre son client et les attentats de Paris.

Autre piste intéressante pour les enquêteurs: le contenu de l’ordinateur de Smain Aït Ali Belkacem, le détenu qui a tenté de s’évader en 2010. Selon Le Mensuel de Rennes, l’appareil, en cours d’analyse, a été saisi dans sa cellule au centre de détention de Condé-sur-Sarthe dans l’Orne, où cet ancien membre du Groupe islamique armé (GIA) purge une peine à perpétuité depuis sa condamnation en 2002. Là encore, la police tente de savoir si cet homme était impliqué dans le projet fou des attentats de Paris. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes mais n’ont pas été rattachées à l’enquête principale, menée sur les attentats.