Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 27 janvier 2015

Enquête sur le crash du F-16 grec qui a fait 11 morts


Le bilan de l'accident qui a impliqué plusieurs avions de chasse de différentes forces aériennes européennes, lundi sur une base militaire du sud-est de l'Espagne, s'est alourdi. On déplore la mort de neuf Français et de deux Grecs, tandis que cinq grands brûlés, dont la nationalité n'a pas été précisée, ont été transférés dans une unité spécialisée de l'hôpital madrilène de La Paz. Pour l'armée française, il s'agit de ses plus lourdes pertes en une seule journée, depuis une embuscade dans l'est de l'Afghanistan en 2008, qui avait fait dix morts.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, était attendu dans la journée sur la base de Los Llanos, située à environ 250 km au sud-est de Madrid, où s'est produit l'accident. La venue de son homologue italienne Roberta Pinotti n'était pas confirmée mardi matin.

Le chef d'état-major de l'armée de l'air française, le général Denis Mercier, a précisé mardi sur la chaîne BFM-TV que deux pilotes, un navigateur et cinq mécaniciens avaient trouvé la mort dans le crash. «Nous déplorons le décès de huit aviateurs» ainsi que six blessés, dont «quatre dans un état grave», a-t-il dit. Un peu plus tard, le ministère espagnol de la Défense a annoncé le décès d'un neuvième militaire français, des suites de ses blessures.

Lundi soir Mariano Rajoy, le chef du gouvernement, avait déjà précisé qu'aucun Espagnol n'avait été tué ni blessé.

Programme d'entraînement de l'OTAN

L'accident s'est produit en plein entraînement dans ce centre de formation de pilotes d'élite de dix nationalités, où est mis en oeuvre le Training Leadership Programme (TLP) de l'OTAN, «une des formations les plus réputées et les plus exigeantes du monde», selon un article publié par le site du ministère de la Défense en France.

Quelque 750 pilotes et membres du personnel de soutien logistique étaient réunis pour une session qui a démarré le 19 janvier, selon une source du ministère de la Défense. Pendant la session, ils devaient effectuer des manoeuvres conjointes en vue d'être en mesure d'opérer de manière coordonnée sur des théâtres d'opérations, en surmontant les différences techniques, de culture et de langue.

A 15h16 très précisément, le F-16 des forces aériennes grecques a décollé et, très rapidement, il a enregistré une perte de puissance, virant légèrement sur sa droite avant de percuter plusieurs autres avions de chasse. Le choc a entraîné un violent incendie et dégagé une colonne de fumée noire visible de loin. Deux AMX italiens, deux Alfa Jet français et un Mirage 2000 français ont été touchés.

La base de Los Llanos accueille le TLP depuis 2009. Mis en place en 1978, cet exercice permet d'obtenir la qualification de «chef de mission» pour des pilotes qui participent à des opérations dans le cadre de coalitions internationales, de type Harmattan en Libye en 2011 ou Chammal aujourd'hui en Irak.

Double enquête

Un juge de Valence mène une enquête, avec la garde civile, sur les circonstances de l'accident. Parallèlement, une Commission d'enquête technique des accidents d'aéronefs militaires est chargée de clarifier les aspects techniques de l'accident. Il s'agira de déterminer s'il est lié à une erreur humaine, une défaillance technique ou un enchaînement des deux.

Cette commission formée d'experts déjà dépêchés sur les lieux doit collecter les restes des appareils, retrouver les boîtes noires, examiner les conversations avec la tour de contrôle, une enquête longue et minutieuse comme dans tout accident aérien, a précisé une source au ministère de la Défense.