La semaine dernière, l’on apprenait que les forces spéciales canadiennes avaient eu un accrochage avec les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak, lors d’une mission de reconnaissance sur « le front » visant à préparer de prochaines frappes aériennes dans le cadre d’une planification avec l’état-major irakien.
« Lorsqu’ils ont avancé pour confirmer les plans et visualiser ce dont ils avaient discuté sur une carte, ils ont immédiatement essuyé des tirs de mortier et le feu de mitrailleuses », avait alors expliqué, en conférence de presse, le général Michael Rouleau, le commandant des forces d’opérations spéciales du Canada. Des tireurs d’élite ont » neutralisé les deux menaces », avait-il ajouté, sans donner plus de détails.
Il s’agissait ainsi, du moins officiellement, du premier accrochage au sol entre des forces de la coalition internationale emmenée par les États-Unis et les jihadistes de Daesh.
Normalement, la mission des troupes terrestres de la coalition est de former et de conseiller les forces irakiennes et kurdes. Mais, le général Rouleau a aussi précisé que les 69 militaires des forces des opérations spéciales (FOS) ont désigné des cibles au sol, au moins à 13 reprises, aux chasseurs-bombardiers de la coalition. Et cela a suscité une polémique sur le rôle exact des militaires canadiens en Irak, certains responsables politiques ayant accusé le gouvernement en place d’avoir induit en erreur l’opinion.
En octobre, le général Tom Lawson, le chef d’état-major de la Défense canadienne, avait indiqué, en réponse à une question posée par un journaliste, que la mission des des FOS envoyés en Irak ne comprenait pas « l’identification de cibles pour des frappes aériennes » et qu’elle se limitait à l’assistance et au conseil des troupes iraliennes. Finalement, l’officier a dû donner quelques explications.
« Je comprends qu’il peut y avoir certaines questions au sujet de mes commentaires du 19 octobre sur la nature des activités menées par les Forces d’opérations spéciales du Canada en Irak », a ainsi déclaré le général Lawson, dans un communiqué diffusé le 21 janvier. En bref, la situation au sol a évolué depuis que j’ai formulé ces commentaires, et nous avons augmenté notre soutien relativement aux frappes aériennes proportionnellement à l’augmentation de la menace par les Forces de sécurité irakiennes », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas en mission de combat terrestre, mais nous offrons du soutien aux forces en combat. Les activités des FOS en Irak décrites par les généraux Vance et Rouleau le 19 janvier sont parfaitement conformes au mandat de fournir des conseils et de l’aide attribué aux Forces canadiennes par le gouvernement ».
C’est dans ce contexte que, le 26 janvier, l’état-major canadien a annoncé deux nouveaux accrochages entre les FOS et les jihadistes. « Les forces armées canadiennes ont essuyé des tirs et ont riposté », a expliqué le capitaine Paul Forger, lors d’un point de presse. « Dans les deux cas, les forces spéciales canadiennes, agissant en autodéfense, ont riposté, éliminant les menaces », a-t-il poursuivi, sans préciser les lieux des combats.
Et la ligne de l’état-major canadien est identique à celle qui a jusqu’à présent été mise en avant face aux critiques : il n’y a pas de changement de la mission. Juste une adaptation. « Je ne considère pas qu’il s’agisse d’une nouvelle norme, mais plutôt d’une évolution de notre rôle (qui consiste) à conseiller et prêter assistance aux forces armées irakiennes et kurdes », a estimé le capitaine Forget. « Au début, nous leur enseignions les éléments de base de la guérilla. Cela a depuis évolué quelque peu, au point où nous en sommes maintenant plus au niveau de la doctrine tactique sur le champ de bataille », a-t-il ajouté.
Pour rappel, outre les 69 commandos de ses forces spéciales, le Canada a engagé, au sein de la coalition internationale et depuis le Koweït, 6 avions de combat CF-18 Hornet de la 4e Escadre de Cold Lake (Alberta), un ravitailleur CC-150T Polaris et deux appareils de patrouille CP-140 Aurora.