Entre 5 et 6 hommes armés ayant dissimulé des ceintures d’explosifs sous des uniformes de l’armée pakistanaise ont attaqué, ce 16 décembre, à 10h30 (heures locales) une école de Peshawar, où de nombreux enfants de militaires sont scolarisés. Étant donné que plus de 500 personnes étaient présentes dans cet établissement au moment de l’assaut, le pire était à craindre…
D’après les témoignages, il a fallu près de 30 minutes à l’armée pour intervenir sur les lieux. Et si beaucoup d’élèves et d’enseignants ont pu être évacués, les assaillants ont commis un carnage. Selon les bilans officiels, il y aurait, pour le moment, au moins 130 tués, dont 82 écoliers. « La majorité des enfants ont été tués d’une balle dans la tête », a précisé Mushtaq Ghani, le ministre de l’Information de la province de Khyber Pakhtunkhwa , qui aussi fait état de 25 blessés graves.
Quant aux assaillants, les informations à leur sujet sont encore confuses. Au moins un d’entre eux aurait actionné sa ceinture d’explosifs. Et deux autres auraient été tués par les forces pakistanaises. Quant aux autres, ils se seraient retranchés dans un des bâtiments de l’école, sans doute avec des otages (ce qui n’est pas confirmé).
Cette action a été revendiquée par le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement taleb pakistanais, proche d’al-Qaïda. « Cette attaque est une réponse à l’offensive Zarb-e-Azb, à la vague d’assassinats perpétrée contre les talibans et au harcèlement de leurs proches », a fait valoir Muhammad Khurasani, son porte-parole. L’Army Public School and Degree College a été visée parce qu’elle accueille des enfants de militaires.
L’opération Zarb-e-Arb a été lancée en juin dernier par l’armée pakistanaise dans le Nord-Waziristan, bastion du TTP, du réseau Haqqani et de diverses factions plus ou moins liées à al-Qaïda. Selon l’état-major, au moins 1.000 insurgés auraient été tués… Ce que contestent les taliban, qui affirment avoir quitté la zone en grand nombre avant le début de l’offensive.
« Cette attaque est une opération à la fois tactique et militaire. les rebelles savent qu’ils ne peuvent frapper l’armée chez elle car ils n’en ont pas la capacité et qu’elle est bien préparée », comménté le général (en retraite) Talat Masood, désormais analyste spécialiste des questions de sécurité, cité par l’AFP. « Ils visent donc des cibles molles en espérant que cela aura fort impact, notamment psychologique, sur la population. Les talibans espèrent qu’en visant les enfants, ils feront baisser le soutien aux opérations militaires contre eux », a-t-il ajouté.
L’attentat contre cette école gérée par l’armée est l’un des plus meurtriers (si ce n’est le plus meurtrier) depuis 2007. Le 2 novembre dernier à Wagah, près de la frontière avec l’Inde, une attaque-suicide, revendiquée par le TTP, avait déjà fait une cinquantaine de tués lors de processions organisés par la minorité chiite.