Les services antiterroristes français ont démantelé hier une filière d’acheminement vers la Syrie de candidats au djihad. Ils ont procédé à une dizaine d’interpellations, notamment dans la région de Toulouse, en Normandie et en région parisienne, a-t-on appris de sources policières.
Les interpellations ont été conduites par la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire française et des hommes du Raid (unité d’élite de la police). Ils étaient assistés d’un nombre important d’autres forces de police.
Entre 10 et 15 objectifs étaient ciblés. L’enquête, qui a duré plusieurs mois, a été mise sur la piste de cette filière par des renseignements ayant signalé un possible départ en Syrie, selon la même source. Le nombre exact et le profil des personnes interpellées n’étaient pas encore connus hier matin.
La France est confrontée cette année à une explosion du nombre d’apprentis djihadistes partant pour la Syrie et l’Irak, avec en corollaire le risque de les voir revenir pour mener des actions terroristes sur son sol.
Le nombre de candidats au djihad syrien a bondi de plus de 80% depuis début janvier, selon de récentes déclarations du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
Selon des estimations officielles, ils seraient actuellement près de 400 sur place. Plus de 200 auraient manifesté des velléités de départ, et environ 120 sont déjà revenus, 200 autres étant en transit. Une cinquantaine de djihadistes français auraient été tués.
Le procureur de Paris indiquait en novembre que plus de 1100 Français de toutes origines étaient impliqués à des degrés divers dans les filières djihadistes.
La France a l’une des législations les plus répressives au monde. Elle a encore été durcie en novembre avec la possibilité de confisquer son passeport à un suspect. Pourtant, la vague de départs continue.
Fin avril dernier, dans le cadre d’un plan antidjihad, un numéro vert a été mis à la disposition des familles et des proches de jeunes radicalisés. Ils peuvent prévenir les services de police de leurs doutes, d’un projet de départ ou d’un départ imminent.
Selon un bilan établi début novembre, 625 signalements «pertinents et avérés» avaient été recensés. Des signalements qui ont permis d’éviter, selon le ministre de l’Intérieur, 70 ou 80 départs pour la Syrie.
En tout, à la fin septembre, environ 3000 personnes étaient parties d’Europe pour rejoindre les combattants islamistes en Syrie et en Irak, un chiffre également en forte hausse ces derniers mois, selon le coordinateur européen pour la lutte antiterroriste.
ATS