Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 24 décembre 2014

Corée du Nord; coupure d'Internet. Mais qui est derrière?


Un militaire nord-coréen veille devant son écran d'ordinateur. (Illustration) - © AFP 


La Corée du Nord a été victime d'une nouvelle panne d'Internet mardi, au lendemain d'une première coupure générale qui pourrait avoir été orchestrée en représailles au piratage informatique contre Sony Pictures.

Qui est derrière la panne géante d'internet en Corée du Nord? Après une deuxième journée de perturbations mardi, les Etats-Unis font figure de coupable idéal mais la plus grande incertitude demeure. Trois experts en cybersécurité font le point des différentes hypothèses plausibles.


Washington a-t-il lancé une cyberattaque contre Pyongyang?

La paralysie de l'internet nord-coréen a naturellement braqué les regards sur les Etats-Unis qui ont accusé Pyongyang d'avoir mené la vaste attaque informatique contre Sony Pictures et ont promis de lancer une riposte "proportionnée".

Mais certains experts semblent sceptiques. "C'est improbable simplement parce qu'on ne prend pas de telles décisions aussi vite", assure James Lewis, un expert en cybersécurité au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Si la panne nord-coréenne résulte bien d'une attaque, elle serait, en outre, assez sommaire et la liste de ses auteurs potentiels serait donc "immense", souligne Doug Madory, un des cadres de la société de cyber-sécurité Dyn Research qui a révélé les récentes mésaventures de l'internet nord-coréen. "Si un Etat comme les Etats-Unis voulait couper les communications en Corée du Nord, je ne suis pas sûr que cela lui aurait pris douze heures", ajoute-t-il. Washington a pour le moment refusé de confirmer ou non son implication dans ce dossier.

La Chine au rang des suspects?

Pékin fait en tout cas partie de la "short list". Les quatre réseaux de connexion nord-coréens passent tous par la Chine et sont exploités par le géant chinois des communications Unicom. "C'est une situation bien fragile" pour Pyongyang, commente Jim Cowie, analyste chez Dyn Research.

Pékin est de plus en plus irrité par le comportement erratique de son allié nord-coréen et lui couper la connexion pendant quelques heures permet de faire connaître rapidement et simplement son mécontentement, selon les experts.

Cette hypothèse bute toutefois sur des éléments factuels. Une coupure nette des communications par Pékin n'aurait pas donné lieu aux ralentissements de l'internet nord-coréen qui ont éveillé l'attention des experts américains, dont Dyn Research.

Quid de la piste interne nord-coréenne?

Selon l'analyste de CSIS James Lewis, le scénario le plus probable tient à un dysfonctionnement interne nord-coréen soit pas "inadvertance" soit parce que Pyongyang a passé au "peigne fin" ses réseaux pour comprendre comment les services américains étaient remontés jusqu'à eux dans l'attaque contre Sony.

"Des baisses de connexions suivies par une panne totale sont compatibles à la fois avec le scénario d'un réseau fragile soumis à une attaque extérieure mais aussi avec celui de problèmes techniques", tempère, pour sa part, Jim Cowie.

Le collectif Anonymous impliqué?

"C'est tout à fait possible qu'il y a ait un 'joker' quelque part", commente Doug Madory, ajoutant que les réseaux coréens ont d'abord semblé être soumis à une "forme de contrainte" avant d'abdiquer.

Le fait que Pyongyang ait déjà été ciblé par les Anonymous vient appuyer cette hypothèse.