Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 11 novembre 2014

Le «gang GTA» qui sème la terreur sur les routes russes


Pneus crevés, automobilistes abattus sans ménagement: un groupuscule qui a fait une quinzaine de morts, crée l'émoi en Russie, alimentant tous les fantasmes, de la main de Kiev à celle des jihadistes de l'EI.

Opérant la plupart du temps la nuit sur les routes de Moscou et de sa banlieue, le groupe criminel fait l'objet depuis plusieurs mois de toutes les spéculations.

Alors que les premiers meurtres remontent, selon les médias russes, à septembre 2013, les autorités se sont montrées laconiques sur le sujet, ne commentant que très rarement l'avancée de l'enquête.

Au moins 14 personnes ont pourtant été tuées par le gang qui semble ne faire aucune distinction dans ses victimes, celles-ci comprenant tant des femmes que des hommes, mais aussi des ouvriers, un membre du conseil d'administration d'une banque moscovite ou un policier.

Des rumeurs de toutes sortes

A mesure que les meurtres devenaient de plus en plus médiatisés cette année, toutes sortes de rumeurs ont commencé à circuler autour du gang, rapidement surnommé «GTA», en référence au jeu mondialement connu «Grand Theft Auto», où les joueurs doivent tuer et tricher pour gagner.

Les premières rumeurs voulaient que le groupe soit composé de fans de jeux vidéos, voulant reproduire en vrai des actes de violences. La thèse était notamment appuyée par le fait que les tueurs n'ont jamais volé leur victime, si ce n'est parfois leur permis de conduire.

Mais rapidement, l'actualité a nourri les fantasmes. En octobre, l'agence russe Rosbalt rapportait ainsi, citant une source au sein des forces de l'ordre, que le groupe criminel venait d'Ukraine et que les «meurtres étaient liés à la situation dans le pays», où s'affrontent dans un conflit meurtrier forces régulières et séparatistes prorusses.

Depuis ce week-end, c'est la piste d'islamistes extrémistes qui est privilégiée dans les médias.

Vaste opération policière

La semaine dernière, la police annonçait le lancement d'une vaste opération qui a abouti à la mort d'un homme. Ce dernier avait, selon le quotidien populaire Moskovskïi Komsomolets, «des liens étroits avec l'organisation Etat islamique», qui se bat actuellement en Irak et en Syrie. Le journal n'a pas donné plus de détails sur ces liens présumés.

Mais selon d'autres médias, cet homme, présenté comme Roustam Ousmanov et originaire d'Asie centrale, n'était autre que le chef de la bande. Il a été tué par des tirs après avoir lancé une grenade sur les forces de l'ordre. Des armes ont ensuite été retrouvées à son domicile, et dix autres personnes, présentées comme le reste de la filière, ont été interpellées dans la foulée.

Aucun commentaire officiel concernant le démantèlement du groupe criminel n'a pourtant alors été donné.

Poutine réagit

Le Comité d'enquête russe, principale structure chargée des investigations criminelles, avait seulement déclaré dans un bref communiqué «travailler activement avec le ministère de l'Intérieur et le FSB (services de sécurité, ndlr) pour mettre fin aux activités d'un groupe criminel», refusant d'en dire davantage.

Mais, signe de l'inquiétude grandissante autour de cette affaire, le président Vladimir Poutine a lui réagi, félicitant son ministre de l'Intérieur Vladimir Kolokoltsev.

«Un remerciement spécial (...) pour avoir fait la lumière sur un crime commis par une bande. C'est un crime terroriste. Je sais que vous avez travaillé conjointement avec les services spéciaux et le Service Fédéral de Sécurité (FSB)», a-t-il dit.

«Trop de pistes à sensation»

Pourtant, selon des médias, la plupart des dix personnes interpellées, dont plusieurs originaires d'Asie centrale, ont été rapidement relâchées, des informations portant à croire que le groupe criminel court toujours.

«Toute cette histoire est très étrange. Il y a beaucoup trop de pistes à sensation: les Ukrainiens, puis les islamistes.... Tout cela est si facile à utiliser à des fins de propagande», conclut l'expert Andreï Soldatov, chef du site agentura.ru, spécialisé dans les affaires des services spéciaux.

AFP