Les agents du régime est-allemand profitaient de l’excellente réputation de la Suisse pour fabriquer de faux documents afin de voyager à l’Ouest en toute quiétude.
Aucun autre passeport étranger n'a été autant contrefait par la Stasi.
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La conception de faux passeports suisses était monnaie courante durant la guerre froide, révèle Jochen Staadt, historien à l’Université libre de Berlin, auteur d’un ouvrage sur les relations entre la RDA et la Suisse. Cité par la «Tribune de Genève», ce spécialiste raconte: «Durant la guerre froide, ces pièces d’identité étaient les préférées de la police politique, la Stasi.»
La neutralité de la Suisse ainsi que son utilisation de la langue allemande rendait cette nationalité particulièrement attrayante aux yeux de la RDA, qui formait ses agents afin de leur apprendre à manier l’accent alémanique. Le dossier 547 des archives de la Stasi révèle que le passeport suisse était le document étranger le plus fabriqué par l’atelier de contrefaçon situé au siège de la Stasi, dans la Normannenstrasse, à Berlin.
«Le service technique avait beaucoup de moyens. Ses ingénieurs, très qualifiés, concevaient de faux documents, des micros ou des caméras cachées», rapporte Jochen Staadt.
Utilisation unique
Ces faux passeports, qui usurpaient parfois l’identité d’un Suisse décédé afin d’éviter un travail de surveillance de longue haleine, n’étaient jamais utilisés pour voyager en Suisse et ne servaient qu’une seule fois, afin d’éviter que la fraude ne soit découverte.
«La Stasi a produit environ 1000 faux passeports suisses», raconte Jochen Staadt. Ces documents ont permis à la RDA de dérober des années de documents. «Avec l’espionnage industriel, l’Allemagne de l’Est a économisé ainsi de gros investissements dans la recherche», déclare le spécialiste.