Les jihadistes de l'Etat islamiste (EI) ont revendiqué dans une vidéo diffusée mardi sur internet la décapitation d'une deuxième otage, Steven Sotloff.
Sur la vidéo, un homme cagoulé menace également d'exécuter un otage britannique, qu'il nomme David Haines, et met en garde les Etats contre tout soutien à «l'alliance diabolique de l'Amérique contre l'Etat islamique», rapporte le centre américain SITE de veille des sites islamistes.
Les djihadistes justifient l'exécution de leurs otages comme une mesure de représailles aux frappes aériennes menées depuis la mi-août par les Etats-Unis contre les combattants djihadistes dans le nord de l'Irak.
Le bourreau présumé de l'exécution semble être le même que celui qui était apparu dans une vidéo le 19 août, celle de la décapitation de James Foley. Il a le même accent britannique, le décor désertique est également similaire et les captifs portent à nouveau des combinaisons orange.
Le prix de l'intervention américaine
«Je suis de retour, Obama, et je suis de retour en raison de ta politique étrangère arrogante envers l'Etat islamique, en raison de ton entêtement à poursuivre tes bombardements (...) sur le barrage de Mossoul, en dépit de nos sérieuses mises en garde», dit l'homme.
«Tout comme tes missiles continueront à frapper notre peuple, notre couteau continuera à frapper les nuques de ton peuple», ajoute-t-il.
Dans la vidéo, Steven Sotloff dit lui-même «payer (de sa vie) le prix» de l'intervention américaine en Irak.
Pas encore confirmé
La Maison blanche a dit ne pas pouvoir confirmer l'authenticité de l'enregistrement dans l'immédiat, mais des sources à Washington jugent qu'il est probablement authentique. Les Etats-Unis et le Premier ministre britannique David Cameronont ont cependant jugé cette vidéo «écoeurante».
Dans la vidéo du 19 août, Steven Sotloff apparaissait en vie, mais des experts américains ont émis récemment l'hypothèse qu'il ait été tué peu après Foley. Steven Sotloff, un journaliste freelance, avait été enlevé durant l'été 2013 dans le nord de la Syrie.
Le 27 août dernier, sa mère, Shirley, s'était adressée directement au chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al Bagdadi, dans un message vidéo, pour demander sa libération.
Nouveaux succès face aux extrêmistes
Par ailleurs, sur le terrain, après avoir déjà reconquis mi-août le barrage de Mossoul (nord), l'armée, les combattants kurdes et les miliciens chiites ont remporté ces derniers jours de nouveaux succès face aux extrémistes sunnites de l'EI.
Mardi, ils ont poursuivi leur contre-offensive, en reprenant le contrôle de certains secteurs d'une autoroute stratégique reliant le nord du pays à Bagdad, selon le général Abdelamir al-Zaidi. Fermée depuis près de trois mois, l'autoroute sera rouverte après avoir été nettoyée d'éventuels obstacles et mines placés par les jihadistes.
Déroute des forces de sécurité
Le début de l'offensive des jihadistes, le 9 juin, avait été marqué par la déroute des forces de sécurité, de nombreux soldats et policiers abandonnant leurs positions. Quelque 1700 soldats s'étaient alors rendus aux insurgés, qui s'étaient emparés en quelques jours de vastes pans de territoires dans le nord du pays.
L'EI avait par la suite publié des photos semblant montrer l'exécution de dizaines d'hommes en civil dans une zone désertique, affirmant en avoir tué des centaines au total.
Exprimant leur colère, des proches de membres des forces de sécurité disparus ont pris d'assaut mardi le Parlement à Bagdad, où ils ont entamé un sit-in dans l'hémicycle, selon un responsable. Des policiers anti-émeutes tentaient de faire sortir du bâtiment ces manifestants qui exigent de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches, a déclaré cette source.
Nettoyage ethnique dénoncé
Dans un rapport publié mardi, Amnesty International a pour sa part dénoncé la «campagne systématique de nettoyage ethnique» lancée par l'EI pour «effacer toute trace des non-Arabes et des musulmans non sunnites» dans le nord de l'Irak.
