Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 10 septembre 2014

"aucun acte d'enquête mentionnant un projet d'attentat en France de Nemmouche le 14 juillet 2014" Bernard Cazeneuve


Lundi, en milieu de matinée, le parquet de Paris avait démenti ces informations, affirmant qu'il n'existait "aucun acte d'enquête mentionnant un projet d'attentat en France de Nemmouche". Un démenti confirmé par Bernard Cazeneuve. Le ministre a affirmé n'avoir "jamais eu connaissance" d'un projet d'attentat en France par le tueur présumé du Musée juif de Bruxelles. Dans une déclaration solennelle place Beauvau, il a donc accusé le quotidien d'avoir publié de "fausses informations".

Le quotidien affirme qu'il maintient ses informations. Dans une réponse publiée sur son site, Libération rappelle "que le ministre de l'Intérieur ne chapeaute les policiers que d'un seul service de renseignements, à savoir la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI), qui a certes "entendu à plusieurs reprises les quatre ex-otages français". Mais certains de ces témoins et victimes ont également été "débriefés" plusieurs fois par d'autres services qui ne relèvent pas de sa compétence."

Interrogé sur Europe 1 lundi matin, le journaliste Didier François, ex-otage, n'avait pas non plus confirmé les affirmations de Libération. De son côté, dans un communiqué à l'AFP, l'avocate de Nicolas Hénin, lui aussi ancien otage en Syrie, affirme que son client "a appris avec consternation et incompréhension les informations de Libération" et qu'"il ignore leur origine". "Il s'agit d'éléments qui ne figurent pas dans son procès-verbal d'audition", a expliqué Marie-Laure Ingouf, précisant que Nicolas Hénin "ne souhaite plus être sollicité par les médias".

Deux enquêtes ouvertes

Mehdi Nemmouche a été interpellé à Marseille le 30 mai avant d'être extradé fin juillet en Belgique où il a été inculpé et incarcéré pour le quadruple assassinat commis au Musée juif de Bruxelles le 24 mai. En France, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris, en 2013, pour "enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste" à la suite de l'enlèvement des quatre journalistes français en Syrie. Une autre l'a été après l'arrestation de Nemmouche pour "assassinat, tentative d'assassinat, détention et transport d'arme en lien avec une entreprise terroriste".

Nemmouche, 29 ans, est actuellement détenu en Belgique, où il a été inculpé. Arrêté en possession d'armes, d'un "drap" marqué d'un sigle État islamique (EI) et d'un film évoquant la tuerie du Musée juif lors d'un contrôle de routine à Marseille le 30 mai, ce Français d'origine algérienne, parti faire le djihad en Syrie au sein de l'EI, avait été remis fin juillet à la justice belge par la France.



La confusion plane sur l'authenticité des "révélations" publiées dimanche soir par le journal Libération. 

Dépêché par l'Etat islamique en Irak et au Levant pour frapper l'Europe ou auto-investi d'une mission, Mehdi Nemmouche prévoyait «au moins un attentat en France, au cœur de Paris». 

C'est ce qui ressort des procès-verbaux d'auditions des plaintes contre X des quatre ex-otages français libérés le 20 avril, entendus par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) durant la garde à vue de Nemmouche, entre le 30 mai et le 2 juin, pour les quatre assassinats au Musée juif de Bruxelles.

Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a démenti l'annonce du quotidien au point de l'accuser d'avoir diffusé de "fausses informations". 

De son côté, Libération maintient ces déclarations issues d'un seul ex-otage en Syrie mais précise, de manière vague, les avoir obtenues auprès d'un service qui ne dépend pas de l'Intérieur. 

Fallait-il révéler le passé syrien de Mehdi Nemmouche, au risque de mettre en danger les otages qui sont encore retenus sur place? 

Nicolas Hénin, journaliste retenu en Syrie entre juin 2013 et avril 2014, a confirmé avoir reconnu en Mehdi Nemmouche, l'auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles, son geôlier syrien, entre juin et décembre 2013. 

D'abord réticent à parler de cette période, il a pourtant accepté de témoigner "pour informer le public", après la révélation du passé syrien de Mehdi Nemmouche par Le Monde.

Une révélation qui "pose un véritable problème pour l'enquête", affirme à Libération Didier François, journaliste à Europe 1, retenu lui aussi en otage de juin 2013 à avril 2014. 

"C'est dangereux de sortir cette information"

"C'est irresponsable", ajoute-t-il. "Je trouve que c'est dangereux de sortir cette information. Cela pose un véritable problème pour l'enquête en cours, pour les témoins et pour les otages restés là-bas". 

"Cela permet malheureusement d'alerter les autres ravisseurs sur le fait que les services français détiennent des éléments sur les membres de ce groupe terroriste ayant déjà perpétré des attentats. Du coup, ça va leur permettre de se protéger, ce qui met en danger le travail des spécialistes du contre-terrorisme et les citoyens français", a-t-il expliqué.