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jeudi 25 septembre 2014

Abou Youssef al-Turki (meilleur THP d’al-Qaïda en Syrie) a été neutralisé


Abou Youssef al-Turki (gauche), le talentueux franc-tireur d'el-Qaëda en Syrie, tué le 23 septembre suite aux frappes de la coalition internationale en Syrie. Photo Facebook


Après les frappes effectuées la veille contre l’État islamique (EI, ou Daesh) et le groupe terroriste Khorasan, lié au Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, l’aviation américaine a mené 5 nouveaux raids aériens dans l’ouest de Bagdad, au sud-est d’Erbil et dans le nord-ouest de la Syrie. Il est probable que l’un d’entre eux ait eu lieu dans les environs de la ville kurde d’Aïn al-Arab, laquelle est encerclée par les jihadistes.

Ces nouvelles frappes ont permis de détruire des « plusieurs véhicules de l’EI, des positions de combat et une cache d’armes », a précisé l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient.

Quant aux premiers raids menés en Syrie par les forces américaines, appuyées par la Jordanie, Bahreïn, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis (tous ont désormais confirmé leur participation), la conseillère à la sécurité nationale du président Obama, Susan Rice, a estimé qu’elles ont eu un « impact important ».

« Clairement, ce n’était que le début, une première vague et nous sommes très satisfaits de notre succès », a-t-elle affirmé lors d’un entretien accordé à la chaîne NBC. Cependant, elle n’a pas pu confirmer la mort de Muhsin al-Fadhli, le chef de Khorasan, qui, selon les autorités américaines, s’apprêtait à commettre un attentat d’envergure aux États-Unis et en Europe.

« Nous ne pouvons pas le confirmer pour le moment. Nous avons vu des témoignages sur les réseaux sociaux à ce propos mais nous allons continuer à surveiller pour voir si c’est effectivement le cas », a affirmé Mme Rice.

A priori, les frappes de la coalition ont sérieusement secoué le Front al-Nosra, lesquels auraient perdu une cinquantaine d’hommes. La branche syrienne d’al-Qaïda aurait ainsi évacué ses bases situées dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Ce repli a été confirmé par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a également indiqué que le groupe salafiste Ahrar al Cham, la principale composante du Front islamique qui semblait être traversée par des dissensions entre modérés et extrémistes, est sur le point d’en faire de même.

Au total, le Front al-Nosra aurait perdu une cinquantaine d’hommes. Si le sort de Muhsin al-Fadhli est encore inconnu, celui d’Abou Youssef al-Turki ne fait guère de doute : il a été tué dans la province d’Idlib.

Âgé de 47 ans, ce jihadiste turc était considéré comme le meilleur tireur d’élite du Front al-Nosra. « Il était le sixième meilleur ‘sniper’ au monde et il a formé 400 autres tireurs. Que Dieu accueille ton âme, tireur de notre Front », a réagi, sur Twitter, un certain Moussab al Assir, un militant d’al-Nosra.

Les Émirats arabes unis ont frappé mercredi soir 12 raffineries contrôlées par l'EI dans l'Est syrien


En prenant le contrôle de plusieurs régions en Syrie et en Irak, l’ »État islamique » (EI ou Daesh) a mis la main sur des installations pétrolières, ce qui lui permet d’assurer une partie de son financement en produisant jusqu’à 100.000 barils de brut par jour, selon une estimation de l’Agence d’information sur l’énergie (AIE).

« L’EI dispose également de ressources financières. En stock, on estime qu’il pourrait puiser dans une réserve de un à deux milliards de dollars. En flux, il organise un système économique pour se financer en visant prioritairement les ressources que constituent les puits de pétrole – il commercialise du pétrole, via des détaillants locaux au prix compétitif de 20 dollars le baril –, les postes frontaliers, les barrages, et une forme d’activité économique dans les villes qu’il gère », a récemment expliqué Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition devant les députés et les sénateurs des commissions concernées par les affaires militaires.

Par conséquent, empêcher l’EI de se financer grâce au trafic de produits pétroliers est l’un des objectifs de la coalition emmenée par les États-Unis. D’où de nouvelles frappes aériennes effectuées dans la nuit du 24 au 24 septembre en Syrie avec le concours de l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis, qui y ont engagé une nouvelle fois leurs forces aériennes.

Selon l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, 13 frappes aériennes ont visé des raffineries pétrolières modulaires dans les secteurs de Mayadine, de Hassaké et d’Abou Kamal, situés dans l’est de la Syrie.

« Nous évaluons encore le résultat des attaques menées contre les raffineries, mais les premiers retours montrent que ces frappes sont une réussite », a indiqué l’US Centcom, qui précise par ailleurs que les raffineries modulaires visées « fournissent du carburant pour les opérations de l’EI, des fonds pour financer la poursuite de leurs attaques en Irak et en Syrie et un actif économique susceptible d’appuyer leurs opérations futures ».

Ces installations permettaient de produire entre 300 et 500 barils de pétrole raffiné par jour, ce qui, toujours d’après l’US Centcom, représente 2 millions de dollars de recettes par jour pour l’EI.

Les pilotes saoudiens ayant participé aux frappes contre l’EI menacés de mort sur les réseaux sociaux

Au cours de la nuit du 23 au 24 septembre, des avions de combat saoudiens ont été une nouvelle fois impliqués dans les raids aériens ayant visé les installations pétrolières contrôlées par les jihadistes de l’ »État islamique » (EI ou Daesh) en Syrie. En effet, et comme d’autres pays arabes (Jordanie, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn), l’Arabie Saoudite fait partie de la coalition emmenée par les États-Unis.

Et visiblement, Riyad entend que cela se sache, après avoir été mis à l’index pour son rôle supposé dans le financement de groupes jihadistes hostiles au régime de Bachar el-Assad.

« L’État saoudien ainsi que l’establishment religieux n’ont jamais ouvertement financé l’État islamique qui représente pour eux une menace directe et indirecte à plus d’un titre », a toutefois relativisé, dans les colonnes du Point.fr, Nabil Mouline, spécialiste de l’Arabie saoudite au CNRS et à Stanford. « En revanche, a-t-il ajouté, il a pu exister un certain laisser-aller au sommet de l’État, dont ont profité tout à la fois des acteurs privés, des réseaux souterrains informels et des personnalités politiques pour financer les jjihadistes. »

Aussi, après les premières frappes effectuées en Syrie au début de cette semaine, les autorités saoudiennes n’ont pas manquer de louer les qualités de leurs aviateurs en donnant leurs noms ainsi que leurs photographies à la presse, notamment via l’agence officielle SPA. « Mes fils, les pilotes, se sont acquittés de leur obligation envers leur religion, leur patrie et leur roi », a même commenté le prince Salmane

C’est ainsi que l’on a appris que deux membres de la famille royale saoudienne ont pris part à ces opérations en Syrie, à savoir les fils des princes Salmane ben Abdelaziz Al Saoud (ministre de la Défense) et Bandar ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, l’ancien chef des renseignements saoudiens.

Seulement, publier les photographies de ces pilotes n’était sans doute pas la meilleure chose à faire en terme de sécurité car elles circulent désormais sur les réseaux sociaux… Et les aviateurs saoudiens sont maintenant menacés de mort par les jihadistes de l’EI et leurs soutiens.

Or, parmi les combattants étrangers de Daesh, les jihadistes saoudiens sont les plus nombreux (on parle de plusieurs milliers…). Et cela, malgré la menace de peines de prison (allant de 5 à 30 ans) pour ceux qui seraient tentés de rejoindre la Syrie et l’Irak et les déclarations du grand mufti d’Arabie Saoudite, Abdel Aziz Al-Cheikh, pour qui les jihadistes sont l’ »ennemi numéro un de l’islam ».

Dans les années 2000, la même chose s’était produite avec al-Qaïda. De nombreux Saoudiens étaient partis combattre en Afghanistan et en Irak. Ce qui donna lieu, entre 2003 et 2006, à des attentats commis dans le royaume…