Les autorités syriennes ont affirmé lundi qu'elles étaient prêtes à coopérer avec la communauté internationale, y compris les États-Unis et le Royaume-Uni, pour lutter contre les djihadistes, mais elles ont souligné que toute frappe en Syrie devait se faire en coopération avec elles. "La Syrie est prête à une coopération et à une coordination sur le plan régional, international et bilatéral pour lutter contre le terrorisme dans le cadre de la résolution 2170 du Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.
"Y compris avec les États-Unis et la Grande-Bretagne ?" lui a demandé un journaliste. "Ils sont les bienvenus", a-t-il répondu. "La diplomatie syrienne va agir sur ce thème dans les jours qui viennent", a-t-il dit. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 15 août à l'unanimité cette résolution qui vise à empêcher le recrutement et le financement des djihadistes en Syrie et en Irak. Le texte est placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, ce qui permet de recourir à des sanctions, voire à la force, pour le faire appliquer, mais n'autorise pas pour l'instant d'opération militaire. Les sanctions possibles consistent notamment en un embargo sur les armes, des gels d'avoirs et une interdiction de voyager.
Des frappes en Syrie pourraient être nécessaires
Alors que la Maison-Blanche a déclaré vendredi que des frappes aériennes en Syrie pourraient être nécessaires, Walid Mouallem a souligné que toute frappe américaine contre les djihadistes sur le territoire syrien devait être coordonnée avec Damas, car sinon il s'agirait d'une agression contre la Syrie. Interrogé sur la possibilité que la défense antiaérienne tire sur des appareils américains qui viendraient frapper en Syrie, il a répondu : "Ceci pourrait arriver s'il n'y a pas de coopération préalable. Nous proposons donc une coopération et coordination internationale préalable pour empêcher qu'il s'agisse d'une agression" contre la Syrie.
"Nous devons sentir que la coopération est sérieuse et n'est pas basée sur une vision de deux poids deux mesures. Toute violation de notre souveraineté sera considérée comme un acte d'agression", a-t-il souligné en précisant qu'il n'y avait pas "jusqu'à présent de coopération avec les États-Unis". La Syrie craint en effet que, dans les raids contre son territoire, les États-Unis, qui soutiennent la rébellion, en profitent pour frapper les positions de son armée comme la menace avait plané après l'attaque chimique il y a en un an. Le chef de la diplomatie syrienne a émis des doutes sur l'efficacité des seules frappes. "Nous sommes les fils de cette terre et nous savons quand les raids sont utiles ou pas. Nous saluons tout effort dans la lutte contre le Front al-Nosra et contre l'État islamique, mais la vraie question est : les raids sont-ils efficaces pour les liquider ? Je ne le pense pas", a-t-il lancé.
L'aéroport de Tabqa pris par les djihadistes
Il a prôné "l'assèchement des sources du terrorisme, notamment le financement et l'armement avec le contrôle des frontières par les pays limitrophes et un échange de renseignements, ce qui n'est pas le cas actuellement". Le régime syrien considère tous les rebelles, djihadistes ou pas, comme des "terroristes". Walid Mouallem a condamné la décapitation la semaine dernière du journaliste américain James Foley tout en critiquant le "silence" de l'Occident lorsque des soldats et des civils syriens sont massacrés par ce groupe".
Les djihadistes de l'État islamique (EI) ont pris dimanche l'aéroport de Tabqa, dernier bastion du régime de Bachar al-Assad dans la province septentrionale de Raqa, à l'issue de combats ayant tué 170 soldats, avait annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). À ce propos, il a affirmé que les "soldats avaient été retirés de l'aéroport pour les protéger et nous avons tué des centaines de terroristes". Concernant l'Irak, qui est aussi menacé par l'EI, Walid Mouallem a dit : "Nous allons coopérer avec le nouveau gouvernement et nous espérons qu'il sera bientôt formé. Nous combattons le même ennemi et sommes dans la même tranchée. La coordination est donc nécessaire pour le bien de nos deux peuples", selon lui.