D’après une dépêche de l’AFP datée du 13 juin, les jihadistes des mouvements proches d’al-Qaïda ont quitté massivement ces dernières semaines le Nord-Waziristan, la région tribale pakistanaise où ils avaient trouvé refuge suite à l’intervention de l’Otan en Afghanistan. Selon des sources sécuritaires à Islamabad, la tendance serait lourde puisqu’il est question du départ de 60.000 personnes environ.
« Plus de 80% des combattants jihadistes locaux et étrangers ont quitté le Waziristan du Nord », a même assuré un habitan de Miransah, le chef-lieu de cette région, où l’aviation pakistanaise a mené plusieurs raids récemment.
L’une des raisons avancées pour expliquer ce phénomène serait l’imminence d’une offensive de grande ampleur planifiée par les forces pakistanaises dans cette région, qui est aussi le fief du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement taleb local responsable d’une vague d’attaques sanglantes dans le pays depuis 2007.
« Islamabad a nourri les rumeurs d’offensive imminente pour pousser les rebelles à se réfugier de l’autre côté de la frontière et passer la patate chaude aux autorités afghanes », a expliqué, à l’AFP, Azimut Nul, un spécialiste pakistanais des questions de sécurité. Et c’est bien ce qui semble se passer, à mesure que les troupes de l’Otan se retirent d’Afghanistan…
Ainsi, un rapport du comité des sanctions contre al-Qaïda et les taliban mis en place par les Nations unies indique que les mouvements proches de l’organisation fondée par Oussama Ben Laden prennent pied dans l’est et le sud de l’Afghanistan et qu’ils sont désormais susceptible de « poser un problème de sécurité à long terme » dans ce pays, voire même de « menacer la région entière ».
Le document indique que des jihadistes du TTP, mais aussi du Lashkar-e-Taïba (LeT), du Lashkar-e-Jhangvi ou bien encore le Mouvement islamique d’Ouzbékistan sont désormais présents en Afghanistan, où ils prennent « régluièrement » à partie les forces de sécurités locales, notamment dans le sud, l’est et le nord du pays. « Ils représentent ainsi une menace inquiétante à long terme en provenance de l’Afghanistan, pour la région et au-delà, notamment en Asie centrale et du sud », souligne le rapport.
En outre, les taliban afghans attendent que leur heure vienne. Le document note qu’ils utilisent, depuis la fin 2013, d’explosifs plus perfectionnés, logés dans un blouson en cuir, quasiment indetectables aux contrôles. Plus généralement, le rapport souligne qu’ils estiment que les forces afghanes seront moins efficaces qu’actuellement après le départ des troupes occidentales et parient sur l’affaiblissement du régime en place.
Qui plus est, ont relevé les rapporteurs, le mouvement dirigé par le mollah Omar n’a jamais été aussi riche que depuis l’an passé, grâce notamment aux revenus tirés du trafic d’opium, de l’exploitation illégale de matières premières (onyx) ou encore de l’extorsion de fonds.
Le scénario catastrophe serait que l’Afghanistan passe à nouveau sous la coupe des taliban, ce qui offrirait une base de repli pour leurs homologues pakistanais qui ont leur propre agenda, et qu’un Etat jihadiste se constitue sur un territoire situé au milieu de la Syrie et de l’Irak…