Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 20 juin 2014

Comment l’Otan a organisé l’invasion de l’Irak


Certains commentateurs attribuent l’accueil des jihadistes en Irak à Ezzat Ibrahim al-Duri, une très haute personnalité baasiste.

Sur le fond, dans la culture irakienne, il n’est pas improbable qu’un dirigeant bassiste (donc laïque) décide de se venger en soutenant objectivement un groupe religieux sectaire.

Problème : on avait annoncé la mort d’al-Duri d’une leucémie, en 2005, et on ne dispose d’aucune photographie de lui depuis. Il aurait aujourd’hui 72 ans.

• Le gouverneur de la province de Ninive, Assir al-Noujaïfi, a accueilli les jihadistes, donné l’ordre à l’armée de se disperser et appelé la population à se soumettre.
Au début du mois, Assir al-Noujaïfi se trouvait en Turquie. Il y a été reçu personnellement par le Premier ministre, Recep Tayyip Erdoğan, et par le chef du MIT (services secrets), Hakan Fidan.

• La presse atlantiste et du Golfe commence à présenter les événements en Irak comme une révolte contre le gouvernement al-Maliki. Dans cette perspective, elle présente l’ÉIIL comme une composante parmi d’autres d’un vaste mouvement populaire sunnite (ce qui est absolument faux). Dès lors, il est prévisible qu’elle devrait prochainement présenter les quelques responsables administratifs corrompus qui ont accueilli les jihadistes comme formant une « opposition modérée ». On retrouverait là, le modèle de communication déjà appliqué en Syrie où les membres rémunérés de la Coalition nationale sont présenté comme formant une « opposition modérée » bien qu’ils soutiennent les jihadistes.

• Bien qu’étant entré en conflit avec Ayman al-Zawahiri et rompu avec Al-Qaïda, l’Émirat islamique en Irak et au Levant (ÉIIL) a obéi aux ordres du leader d’Al-Qaïda du 2 mai 2014 en attaquant l’Irak. Cette armée privée pourrait donc revenir au sein de l’internationale terroriste.

• Le déplacement des principales troupes de l’ÉIIL de la Syrie vers l’Irak a affaibli ses positions au pays de Cham. Aussi l’armée arabe syrienne lance-t-elle une offensive sur Rakka, occupée par les jihadistes depuis mars 2013.

• Les États-Unis ont retiré leur soutien sur le web à l’ÉIIL, le 19 juin 2014. Google a retiré de sa plateforme GooglePlay l’application « L’Aube des victoires » qui permettait de recevoir en direct les communiqués des jihadistes. YouTube a fermé la chaîne de télévision « À la conquête de Jérusalem ». Tandis que Twitter a fermé plusieurs comptes proches de l’ÉIIL.