Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 11 avril 2014

Comment la mafia utilise la Suisse


Une opération de police lancée en Italie a permis de démanteler un réseau de la mafia calabraise qui avait d'importantes ramifications en Suisse. Les criminels se servaient notamment d'une société écran dans la campagne bâloise.

Le port de Gioia Tauro en Calabre est connu pour être une place forte de la 'Ndrangheta.
Image: Keystone


Le Monte Pollino est une montagne haute de 2248 mètres qui domine un imposant parc national en Calabre. C'est aussi le nom d'une opération policière internationale qui s'est étendue sur plusieurs années et qui a permis fin mars de démanteler un réseau de drogue contrôlé par la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, associée à des criminels monténégrins.

Si la majeure partie des 44 arrestations s'est faite en Italie et au Brésil, la Suisse a aussi été mise à contribution. Comme l'explique la Handelszeitung vendredi, la police italienne a découvert que le clan Cua, Ietto et Pipicella avait installé une responsable financière à Allschwil dans le canton de Bâle-Campagne: Maria de Fatima Stocker-da Silva.

Spécialisée dans les transferts d'argent

Cette femme, qui dirigeait la discrète entreprise UTI GmbH basée dans la commune bâloise, est qualifiée par le procureur italien Massimo Minniti de cerveau de l'organisation en Europe. Elle a travaillé comme charnière pour tous les groupes impliqués dans le trafic, ajoutent les autorités italiennes. Selon la police brésilienne, plus de 700'000 euros et divers comptes appartenant à la suspecte ont été saisis.

UTI employait également un citoyen grec très actif à Zurich où il gérait restaurants, fiduciaires et autres sociétés de leasing, d'assurances et de crédit. Selon des proches du dossier, l'entreprise ne s'occupait que de transferts d'argent depuis le début 2003 pour le compte de citoyennes brésiliennes peu au courant des subtilités financières.

Très active en Europe

Maria de Fatima Stocker-da Silva, qui menait grand train de vie, était très liée à un spécialiste informatique travaillant dans une grande banque suisse. Elle payait les barons de la drogue en Amérique du Sud en confiant des sacs pleins de billets à des voyageurs européens visitant la région. Elle se chargeait de réserver vols et hôtels pour ses «mules».

Elle se rendait aussi régulièrement en Calabre pour y rencontrer des grands chefs du clan. Maria de Fatima Stocker-da Silva allait également en Espagne où elle avait fondé trois sociétés actives dans l'immobilier dans la région de Marbella. Elle résidait le plus souvent à Londres bien qu'elle eût affirmé aux autorités bâloises en 2013 qu'elle vivait dans le canton.

Recherchée par Interpol

Cette femme originaire du Brésil mais disposant d'un passeport suisse est actuellement recherchée par Interpol. La police de Bâle-Campagne n'a pas voulu faire de commentaires à ce sujet et renvoie à l'Office fédéral de la police (FedPol). «Je peux confirmer que le Ministère public de la Confédération (MPC) a donné suite à une demande d'entraide de la Reggio Calabria», a déclaré la porte-parole Jeanette Balmer.