Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 4 mars 2014

Pas besoin d'envoyer des troupes en Ukraine, selon Poutine


Vladimir Poutine apparaît à la télévision russe lors d'une rencontre avec des journalistes à Moscou. Keystone


Le président russe Vladimir Poutine a estimé mardi que l'usage de la force militaire en Crimée n'est pas nécessaire pour le moment. Selon lui, un recours à la force militaire en Ukraine est une décision de dernier recours.

La Russie se réserve toutefois le droit de recourir à toutes les options en cas de troubles dans l'est de l'Ukraine, a ajouté le président russe lors d'une rencontre avec des journalistes dans sa résidence dans la banlieue de Moscou.

Vladimir Poutine a par ailleurs dénoncé «un coup d'Etat» et «une prise de pouvoir par les armes» en Ukraine. «Il ne peut y avoir qu'une seule appréciation sur ce qui s'est passé à Kiev et en Ukraine: il s'agit d'un coup d'Etat anti-constitutionnel, d'une prise de pouvoir par les armes», a-t-il dit.

«Le peuple ukrainien voulait le changement», mais on ne peut pas encourager un «changement illégal», a-t-il encore déclaré. Selon lui, le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch est le seul président légitime en Ukraine.


Obama veut accentué la pression sur Poutine, Kerry attendu à Kiev

Le président américain Barack Obama et ses conseillers discutent de la situation en Ukraine dans la fameuse «Situation Room» de la Maison blanche. Keystone


Les Etats-Unis ont accentué leur pression sur la Russie en rompant toute coopération militaire à quelques heures de l'arrivée mardi à Kiev du chef de la diplomatie américaine John Kerry. Le secrétaire d'Etat vient soutenir le nouveau pouvoir ukrainien confronté aux forces russes en Crimée.

«Le message que nous faisons passer aux Russes est que, s'ils continuent sur leur trajectoire actuelle, nous examinerons un ensemble de mesures économiques et diplomatiques qui isoleront la Russie», a prévenu lundi soir le président américain Barack Obama.

Plusieurs responsables du Congrès américain désireux de soutenir Kiev face à la Russie ont aussi exprimé leur intention d'adopter rapidement des mesures d'aide économique à l'Ukraine, qui pourraient inclure la garantie de prêts à hauteur d'un milliard de dollars.

Moscou prévoit un krach

A Moscou, un conseiller du président Vladimir Poutine a répliqué aux menaces de Washington en déclarant que des sanctions contre la Russie mèneraient au «krach du système financier américain».

«Nous trouverons un moyen non seulement de réduire notre dépendance financière des Etats-Unis, mais nous tirerons de ces sanctions un gros profit», a déclaré Sergueï Glaziev.

«Les tentatives d'annoncer des sanctions contre la Russie mèneront au krach du système financier américain et à la fin de la domination des Etats-Unis dans le système financier mondial», a ajouté ce conseiller réputé pour la fermeté de ses propos.

Ianoukovitch aurait appelé à l'aide

Dans la péninsule de Crimée, le face-à-face se poursuit entre l'armée ukrainienne et des milliers de membres des forces russes qui les contiennent dans leurs casernes. Depuis plusieurs jours, responsables militaires ukrainiens et russes se livrent une guerre des nerfs à coups d'ultimatums sur un possible assaut des forces russes.

Environ 6000 membres des forces russes occupent la Crimée, une région stratégique pour la Russie. Ces hommes ont cerné la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration). Les autorités locales soutiennent elles l'arrivée des Russes et ont annoncé un référendum le 30 mars pour une plus grande autonomie de la région.

La crise ukrainienne s'est transportée au siège de l'ONU à New York. L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine y a indiqué que le président déchu ukrainien Viktor Ianoukovitch avait demandé au président russe Vladimir Poutine l'aide militaire de la Russie «pour défendre la population ukrainienne», l'Ukraine étant «au bord de la guerre civile».

Pas de solution

Dans ce contexte, le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a discuté à Genève avec son homologue russe Sergueï Lavrov et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de la création d'un groupe de contact international pour réduire les tensions en Ukraine. Une telle idée est soutenue par la présidence suisse de l'OSCE.

«Nous n'avons pas encore de solution», a-t-il affirmé mardi à la presse à l'issue de ses entretiens. «La situation est très tendue, des rumeurs contribuent à accroître les tensions, il y a un risque que des gens perdent les nerfs», a ajouté le ministre allemand, qui devait rencontrer le président de la Confédération Didier Burkhalter mardi à Berne.

Forte agitation diplomatique

Après le chef de la diplomatie britannique William Hague lundi, c'est le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui doit mardi arriver à Kiev pour rencontrer les nouvelles autorités et apporter son soutien.

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, sera également dans la capitale ukrainienne au lendemain d'entretiens avec M. Lavrov. Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit également arriver mardi à Kiev pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités.

Au-delà de la Crimée, la Russie avance ses pions dans d'autres régions ukrainiennes. Quelque 300 manifestants pro-russes ont pris d'assaut lundi le siège de l'administration régionale à Donetsk (est de l'Ukraine), fief de Viktor Ianoukovitch.

Moscou dénonce les menaces de «sanctions» et de «boycottage» et justifie l'action de la Russie en Ukraine, jugeant que les ultranationalistes menaçaient «la vie et les intérêts régionaux des Russes et des populations parlant russe».

Des observateurs de l'OSCE pour veiller sur les élections

L'OSCE compte envoyer des observateurs pour accompagner la prochaine élection présidentielle en Ukraine en mai, répondant à sa demande, a déclaré mardi le chef du Département fédéral des affaires étrangères Didier Burkhalter. L'actuel conflit dans ce pays montre l'importance de telles plateformes de dialogue, selon lui.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) veut également créer un groupe de travail international pour tenter de résoudre la crise entre l'Ukraine, la Russie et l'Union européenne, a expliqué le président de la Confédération devant le plénum. Il s'agit à présent d'obtenir l'accord des acteurs politiques de travailler dans ce groupe.

Une mission pourrait également être envoyée en Ukraine pour évaluer les violations des droits de l'homme sous l'ancien régime si Kiev en fait la demande, a précisé Didier Burkhalter. Le Suisse Tim Guldimann, représentant spécial en Ukraine de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), est arrivé mardi matin en Crimée, a-t-il encore annoncé.