Depuis plus d’une semaine maintenant, c’est une étrange disparition qui a mis en émoi le monde entier. Comment un avion peut-il continuer à voler sans être localisé ? L’avion a-t-il atterri ou s’est-il volontairement abîmé en mer ? Beaucoup de questions et très peu de réponses. En attendant, d’énormes moyens sont engagés pour localiser l’appareil.
Opérons d’abord un bref rappel des faits. Samedi 8 mars, le vol MH370 de Malaysian Airlines décolle à 00h40 de Kuala Lumpur avec 239 personnes à bord. Moins d’une demi-heure plus tard, un système de transmission de données d’erreur, nommé Aircraft Communication Addressing and Reporting System (ACARS), est volontairement désactivé. Sa manipulation demande un minimum de connaissances aéronautiques. Moins de vingt minutes plus tard, les transpondeurs qui relaient la position et l’altitude de l’appareil aux contrôleurs aériens est lui aussi stoppé. Les contrôleurs militaires malaisiens prennent alors le relais et localisent l’avion pour la dernière fois dans le détroit de Malacca à 2h15. Avant ce dernier contact, une voix qui est celle du co-pilote prononce « all right, good night ». Un message qui sonne comme la fin de l’appareil en vol ou le début d’une action minutieusement préparée. Si l’avion a bien continué à voler sept heures après ce dernier contact, il a pu effectuer jusqu’à 3540 kilomètres.
Plusieurs hypothèses peuvent alors être émises, alors que l’implication du co-pilote et/ou du pilote dans la disparition de l’avion ne laisse guère plus de place au doute. Soit l’avion repose en mer, soit l’avion a atterri sur terre. Dans le premier cas, le suicide du pilote et du co-pilote est une piste tout à crédible renforcée par cette dernière communication radio rendue publique par les autorités malaisiennes. Une implication de passagers dans un tel scénario n’est pas non plus à exclure. La présence à bord de deux personnes possédant des passeport volés a nourrie cette confusion. C’est dans ce cadre que les profils de toutes les personnes présentes à bord sont revues par les enquêteurs.
Rappelons qu’après deux ans de recherches, l’avion AF447 Rio-Paris avait été enfin localisé, en 2011, à 3900 mètres de fonds grâce à l’action des sous-marins français dans l’océan atlantique.
Dans le deuxième cas, l’atterrissage du MH370 à terre constitue une option encore plus complexe mais pas impossible à réaliser pour des pilotes chevronés. Il n’est pas à exclure qu’un détournement minutieusement préparé ait consisté à faire atterrir l’avion. Les services de renseignement américains pensent que le 777-200ER pourrait alors dans ce cas être utilisé comme un missile de croisière pour réaliser un attentat. Sans donner plus de précisions, Israël a annoncé avoir renforcé le contrôle des avions et des passagers entrant sur son territoire par crainte de voir l’appareil servir à effectuer une attaque terroriste. Dans cette optique, la piste islamiste n’est pas à exclure, le groupe islamiste indonésien Jemaah Islamiyah a cherché à plusieurs reprises au cours de ces dernières années à se doter de moyens pour faire exploser un avion en vol. Les services de renseignement australiens pensent que ce groupe djihadiste – très actif sur l’île de Sumatra – pourrait disposer d’armes chimiques en quantité limitée. Impossible de tirer donc quelconque conclusion au risque d’émettre de nombreuses spéculations sans fondement. Mais s’interroger sur ces différents points permet de mieux comprendre l’enjeu de cette disparition.
Depuis plusieurs jours, c’est une armada civile et militaire qui s’est constituée pour mener les recherches du Boeing qui se concentrent aujourd’hui à l’ouest de l’île de Sumatra. 26 pays ont apporté leur soutien. Si l’avion repose dans l’océan indien, c’est une zone immense qui reste à explorer avec une profondeur moyenne de 3900 mètres. En mer, la marine malaisienne mobilise toujours à cette heure 17 navires, 13 avions de surveillance maritime et trois hélicoptères, les Etats-Unis ont déployé un P-8A Poseidon depuis deux jours en plus de trois batiments en mer. L’Australie a déployé sur la base de Butterworth, au nord de Kuala Lumpur, deux AP-3C Orion. Elle engage aussi quatre appareils de ce type au nord et à l’ouest des îles Cocos dans l’océan indien. La France a quant à elle envoyé trois enquêteurs du BEA en Malaisie. Les satellites français ont été sollicités dans le cadre des recherches. Au nord et à l’est de cette zone, le Vietnam a envoyé sept bâtiments et six avions de surveillance. La Chine engage quant à elle toujours en mer de Chine huit navires, un sous-marin de secours LR-7 ainsi que 10 satellites. Ces derniers pouvant être également ceux d’Astrium, de la NASA ou encore de la Corée du Sud. Ils ont balayé aussi bien les côtes que la jungle de Sumatra et des îles Andaman. Pour l’instant, le mystère reste entier.
Le copilote aurait prononcé les derniers mots reçus au sol
Les recherches continuent pour retrouver le Boeing 777 de la Malaysia Airlines.
Keystone
Les derniers mots transmis au contrôle aérien par le cockpit du Boeing 777 de Malaysia Airlines auraient été prononcés par le copilote, a annoncé lundi la compagnie aérienne. Cette information pourrait se révéler capitale dans l'enquête sur la disparition de l'avion.
«Les investigations préliminaires suggèrent que c'est le copilote qui parlait», a déclaré le PDG de Malaysia Airlines, Ahmad Jauhari Yahya, lors d'une conférence de presse.
Les investigations se concentrent sur le commandant de bord, Zaharie Ahmad Shah, et son copilote, Fariq Abdul Hamid, la question centrale étant de savoir qui contrôlait l'appareil au moment où il a disparu des écrans radars civils suite à un «acte délibéré», selon les autorités malaisiennes.
«Bonne nuit», dernier message intrigant de l'avion malaisien
Les derniers mots adressés du cockpit du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, disparu depuis le 8 mars, «Eh bien, bonne nuit», ont été prononcés après la désactivation des systèmes de communication de l'appareil.
Le moment choisi, le caractère informel de la phrase lancée aux contrôleurs aériens, alors que l'appareil quittait l'espace aérien malaisien avec ses 239 passagers et membres d'équipage à bord, renforceraient l'hypothèse d'un détournement ou d'un sabotage de l'avion.
Samedi, le premier ministre malaisien Najib Razak a déclaré que le Boeing avait sans doute été délibérément dévié de sa trajectoire, prenant la direction ouest alors qu'il devait se rendre de Kuala Lumpur à Pékin.
Le ministre des Transports par intérim, Hishammudin Hussein, a confirmé dimanche des informations parues dans la presse selon lesquelles ces mots ont été prononcés après la mise hors service du système de communication ACARS, qui permet l'échange de messages entre l'avion et le sol sous forme numérique codée par liaison radio ou satellite.
Contraire au protocole
Cette phrase est contraire aux procédures habituelles du contact radio, qui veulent que le pilote lise les instructions pour contacter la prochaine tour de contrôle et donne l'indicatif de l'appareil, explique Hugh Dibley, un ancien pilote de British Airways.
La police malaisienne, qui n'exclut pour l'heure aucun mobile afin d'expliquer ce mystère, a indiqué se concentrer sur la personnalité et les orientations politiques et religieuses des pilotes et de l'équipage de l'appareil ainsi que sur le personnel au sol susceptible d'avoir travaillé sur l'avion.
Les recherches sur les antécédents des passagers qui avaient embarqué à bord du vol MH370 n'ont rien donné pour l'instant, mais certains pays n'ont pas encore répondu aux demandes de renseignements, a précisé le chef de la police.
L'avion a disparu le 8 mars à 01h22 du matin heure locale au large de la côte est de Malaisie, moins d'une heure après son décollage de Kuala Lumpur.
ATS