Jusqu’en 1783, le Khanat de Crimée était alors inféodé à l’Empire ottoman. Mais la défaite de ce dernier face aux Russes changea la donne : il fut mis un terme à son existence et son territoire cédé à Moscou. Dès lors, les Tatars, de confession musulmane sunnite, devinrent des “sujets” de seconde zone avec l’arrivée massive de populations slaves.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, accusés de collusion avec les troupes allemandes par Staline, les Tatars de Crimée furent déportés en masse vers la Sibérie. C’est ce qui explique en partie la raison pour laquelle ils ne représentent plus que 12% des habitants de la péninsule actuellement.
Pourquoi parler des Tatars de Crimée? Tout simplement parce que leur sort suscite de l’inquiétude en Turquie alors que la Russie s’emploie à établir son emprise sur cette république autonome, cédée à l’Ukraine en 1954 dans le cadre de l’URSS.
“Nous avons un important devoir de mémoire envers les Tatars, et nous sommes en discussion avec les parties concernées pour que cette dispute ne dégénère pas en conflit armé. Nous ne pouvons rester simples spectateurs de ce qui se passe là-bas”, a expliqué un responsable gouvernemental turc dont les propos ont été rapportés par l’AFP.
La situation en Crimée a même fait l’objet d’une réunion entre le président Abdullah Gül et les responsables de la diplomatie turque, le 3 mars. La position de la Turquie n’est pas différente de celle exprimée par l’Otan dont elle est membre : la priorité est la sauvegarde de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
“La Turquie fera tout son possible pour assurer la stabilité de la Crimée au sein d’une Ukraine unie”, avait aussuré, la veille, Ahmet Davutoglu, avant d’ajouter que “les droits des Tatars et leur existence devaient être garantis”.
Si la majorité de la population de Crimée est pro-russe, il n’en va pas de même pour la minorité tatare… La diaspora, installée en Turquie, l’a d’ailleurs fait savoir le week-end dernier, en manifestant devant l”ambassade de Russie , à Ankara, pour dénoncer l’intervention russe dans cette république autonome encore ukrainienne.
Pour des raisons historiques et culturelles évidentes, les liens entre la Turquie et les Tatars de Crimée restent forts. Ainsi, Ankara, via l’Agence turque de coopération et de coordination (TIKA) a financé plusieurs projets importants en matière de logement et d’éducation à leur intention au cours de ces dernières années.