Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 13 février 2014

Une mystérieuse attaque contre une centrale électrique en Californie


Le 16 avril 2013, 17 transformateurs de la centrale électrique de San José, dans la Silicon Valley, en Californie, furent endommagés. A l’époque, cela avait été présenté comme étant un simple “acte de vandalisme”. Mais la réalité pourrait être tout autre si l’on en croit Jon Wellinghoff, un ancien membre de la commission fédérale de l’énergie, dont les propos ont été rapportés la semaine passée par le Wall Street Journal. Pour ce dernier, il s’agit ni plus ni moins d’une attaque terroriste.

L’incident est passé pratiquement inaperçu pour les abonnés de la Silicon Valley, dans la mesure où Pacific Gas and Electric, a immédiatement demandé à d’autres centrales électriques implantées dans la région d’augmenter leur production afin de satisfaire la demande.

De son côté, le FBI a minimisé la portée des déclarations de Jon Wellinghoff. “Je ne peux pas vous dire à 100% qu’il ne s’agit pas de terrorisme”, a ainsi déclaré l’un de ses porte-paroles. “Il y a certains éléments que nous prenons en considération pour déterminer s’il s’agit d’une piste criminelle ou d’atteinte à la sécurité nationale, mais nous traitons ce cas comme un acte simplement criminel”, a-r-il ajouté.

Jusqu’à présent, aucune personne n’a été arrêtée pour cette attaque que le FBI rechigne à qualifier de terroriste. En tout cas, ses auteurs ont bien préparé leur coup et, en outre, ce sont des tireurs d’élites hors pair. Leur mode opératoire le suggère. Pour commencer, ils ont d’abord coupé les câbles de télécommunications à fibres optiques AT&T pour isoler la centrale visée, puis ils ont passé au moins 20 minutes à tirer, à 40 mètres de distance, non par sur les transformateurs (ce qui aurait immanquablement attiré l’attention en les faisant exploser) mais sur leurs systèmes de refroidissement afin de provoquer une surchauffe, et donc, leur arrêt. Puis, ils se sont évanouis dans la nature.

“Ce n’était pas un incident où Billy, Bob et Joe ont décidé, après quelques bières, d’aller tirer sur une centrale électrique”, avait estimé Mark Johnson, un ancien vice-président de PG&E., lors d’une conférence sur la sécurité donnée en novembre dernier, au sujet de l’incident de San José. “Ce fut un événement qui a été bien pensé, bien planifié et ils ont ciblé certains composants”, a-t-il ajouté, sans vouloir en dire davantage.

Ancien directeur de la CIA, James Woolsey, ne dit pas autre chose. “Ce n’est pas juste une demi-douzaine d’adolescents qui ont pris les carabines de leurs pères après avoir avalé trop de bière”, a-t-il dit dans les colonnes du Los Angeles Times.

D’après Wall Street Journal, certains responsables de l’industrie énergétique redoute que l’affaire de San José ne soit qu’une “répétition pour une attaque plus importante”. Selon des experts, il suffirait de cibler un petit nombre de sous-stations électriques bien choisies pour couper l’alimentation en électricité sur une large partie du territoire américain.

Cela étant, les motivations des assaillants de la centrale de San José, au demeurant très bien informés sur la disposition des lieux,  restent à déterminer. Détail troublant, l’attaque a eu lieu quelques heures après les attentats commis lors du marathon de Boston… Répétition générale pour une attaque de plus grande ampleur, comme le redoutent certains responsables de l’industrie? La Silicon Valley était-elle plus spécifiquement visée? Est-ce l’oeuvre d’éco-terroristes? Le fait que l’attaque ait eu lieu pratique aux dates anniversaires du siège de Waco, de l’attentat d’Oklahoma City et de la fusillade de Columbine est-il une coïncidence?

En tout cas, rien qui, au regard des éléments, ne suggère en effet un simple acte de vandalisme. D’un autre côté, aucune revendication n’a été faite. Du moins d’après ce que l’on en sait.

Reste que cette affaire rappelle que les cyberattaques contre le réseau de distribution d’électricité ne sont pas les seules menaces (le discours actuels tendrait un peu à le faire oublier…). Plusieurs élus de Congrès en ont appelé à un renforcement des mesures de sécurité autour des centrales électrique. Message entendu par PG&E, qui va y consacrer 87 millions de dollars.