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dimanche 12 janvier 2014

Le monde rend hommage au «criminel de guerre» Ariel Sharon


De nombreux responsables politiques ont rendu hommage à la mémoire d'Ariel Sharon après sa mort samedi. Les dirigeants palestiniens ont de leur côté qualifié de «criminel» l'ex-Premier ministre israélien.

Relations contrastées avec la Suisse 

En tant que Premier ministre israélien, Ariel Sharon a connu des relations contrastées avec la Suisse.

Sa ferme opposition à l'Initiative de Genève n'a pas empêché l'homme d'Etat de rencontrer trois conseillers fédéraux entre mars 2001 et avril 2006.

Un différend ternira cette rencontre: le Premier ministre israélien exigera le transfert du bureau de liaison suisse auprès des Palestiniens de Jérusalem-Est vers les territoires palestiniens, estimant que sa présence dans la Ville sainte est «contraire aux accords d'Oslo». M. Sharon obtiendra gain de cause: le bureau sera déplacé quelques mois plus tard, en juillet 2001.

En 2003, quelques mois avant l'adoption de l'initiative de Genève, Ariel Sharon critique vertement ce plan de paix alternatif. «Israël doit empêcher l'adoption» de ce plan de paix, déclare alors le Premier ministre, qui le juge «dangereux pour Israël».

Ses appels resteront vains. Le 1er décembre 2003, les anciens ministres israélien Yossi Beilin et palestinien Yasser Abd Rabbo signent ce plan de paix, négocié avec le soutien logistique et financier de la Suisse. Ariel Sharon qualifiera cette initiative de «catastrophe» au printemps 2004.

Outre le soutien suisse à l'Initiative de Genève, les critiques virulentes exprimées en Suisse à l'égard de la construction du Mur israélien en Cisjordanie ou encore la coopération militaire réduite avec Israël (normalisée depuis) ont contribué à tendre le climat bilatéral à cette époque.

Pour Barack Obama, Ariel Sharon a «consacré sa vie à l'Etat d'Israël». «Nous restons attachés à une paix durable et à la sécurité pour le peuple d'Israël, y compris par notre engagement en faveur de l'objectif de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité», a encore déclaré le président américain.

Du côté suisse, on salue en Ariel Sharon, une personnalité «qui aura marqué de son empreinte l«histoire de son pays», selon un communiqué publié samedi soir par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part salué «le courage politique et la détermination dont il a fait preuve en appliquant la décision douloureuse et historique de retirer les colons et les soldats israéliens de la bande de Gaza» en 2005.

«Tout au long d'une vie dévouée à l'Etat d'Israël, Ariel Sharon a été un héros pour son peuple, d'abord en tant que soldat, puis en tant qu'homme d'Etat», a jugé M. Ban.

Evoquant les négociations de paix israélo-palestiniennes auxquelles participe «son successeur» Benjamin Netanyahu, a appelé «Israël à s'inspirer de l'héritage de pragmatisme (d'Ariel Sharon) pour s'efforcer de créer enfin un Etat palestinien indépendant et viable, aux côtés d'un Israël en sécurité».

Pour le président français François Hollande, Ariel Sharon a été «un acteur majeur dans l'histoire de son pays». «Après une longue carrière militaire et politique, il a fait le choix de se tourner vers le dialogue avec les Palestiniens», a-t-il souligné.

Un criminel pour les Palestiniens

En revanche, les dirigeants palestiniens ont déploré que l'ex-Premier ministre israélien n'ait pas été traduit devant la justice internationale pour ses «crimes».

«Sharon était un criminel, responsable de l'assassinat d'Arafat, et nous espérions qu'il comparaisse devant la Cour pénale internationale (CPI) en tant que criminel de guerre», a dit à l'AFP Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, le mouvement du dirigeant historique palestinien.

Jusqu'à la mort en novembre 2004 de Yasser Arafat, qu'il avait fait assiéger par les chars israéliens à partir de décembre 2001, Ariel Sharon avait multiplié les menaces à son encontre, nourrissant les soupçons d'un empoisonnement, qu'Israël a toujours nié.



Pas de procès

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a également jugé «regrettable que Sharon aille vers sa tombe sans répondre devant la justice de son rôle (dans le massacre en 1982 de centaines de civils palestiniens) à Sabra et Chatila (des camps de réfugiés à Beyrouth) et dans d'autres violations» des droits de l'Homme.

Celui a déclenché volontairement la 2nde intifada en 2000 est un criminel de guerre, qui au nom d’une idéologie raciste a permis le massacre de Sabra et Chatila ; massacre reconnue par toute la communauté internationale, dont le responsable au premier chef Ariel Sharon, n’ont jamais été jugé.

"Notre peuple vit un moment historique avec la disparition de ce criminel aux mains couvertes de sang des Palestiniens et de leurs dirigeants", a dit le porte-parole du mouvement islamiste, dont le fondateur, cheikh Ahmed Yassine, a été assassiné en 2004 par l'armée israélienne sur ordre de Sharon.

Les dates

- 26 février 1928: Naissance d'Ariel Sharon au nord de Tel-Aviv de parents originaires de Biélorussie.
- 1945: S'engage à 17 ans dans la Haganah, armée clandestine des juifs de Palestine.
- 1953: Crée les «commandos 101», unité d'élite spécialisée dans les raids de représailles.
- 1956: Commande le corps des parachutistes pendant la guerre du Sinaï.
- 1966: Nommé général de division à 38 ans.
- 1967: Participe à la guerre des Six jours à la tête d'une division blindée.
- oct 1973: Mobilisé dans la réserve, Sharon dirige la première division blindée qui franchit le canal de Suez et encercle les forces égyptiennes.
- 1981-1983: Ministre de la Défense du gouvernement Begin.
- 1982 : Supervise en tant que ministre de la Défense l'invasion du Liban.
- fév 1983: Démissionne après qu'une commission d'enquête officielle a établi sa «responsabilité indirecte» dans le massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en septembre 1982.
- sept 1999: Elu président du Likoud (droite nationaliste).
- 29 sept 2000: Sa visite sur l'esplanade des Mosquées d'Omar et d'Al-Aqsa à Jérusalem-Est sert de déclencheur à l'Intifada.
- 29 mars 2002: Il lance l'opération «Rempart» et détruit la plus grande partie du QG de Yasser Arafat à Ramallah en Cisjordanie.
- 16 juin 2002: Lancement de la construction du mur de séparation en Cisjordanie.

TF121