La Commission européenne a confié à son service de sécurité les cadeaux électroniques offerts à la délégation européenne lors du G-20 en septembre à Saint-Pétersbourg.
«L'examen est en cours et nous ne pouvons pas encore dire s'ils sont inoffensifs», a déclaré mercredi Frédéric Vincent, un des porte-parole de la Commission européenne. «Mais il est recommandé à tous les membres de la Commission de ne pas utiliser les matériels extérieurs lorsqu'ils sont en mission à l'étranger», a-t-il rappelé. Le petit paquet cadeau offert par le président russe Vladimir Poutine à chacun des dirigeants du G-20 comportait une clef USB et un chargeur pour téléphone portable. À leur retour, le président de la Commission européenne et le président du Conseil, Herman van Rompuy, ont confié les pièces électroniques à leurs services de sécurité pour vérifier si elles pouvaient servir à collecter illégalement des données sur des ordinateurs et des portables.
Selon les quotidiens italiens Corriere della Sera et Stampa, l'examen des cadeaux reçus par M. van Rompuy a été confié aux services de renseignements allemands. «Nous ne savons pas de quelles sources d'informations il s'agit, mais ce n'est sans aucun doute rien d'autre qu'une tentative de détourner l'attention des problèmes réels qui dominent l'agenda entre capitales européennes et Washington vers des problèmes éphémères, inexistants», a déclaré mardi à l'agence Ria Novosti Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. «Les tentatives d'espionnage via l'informatique sont un classique», souligne-t-on de source communautaire. «Des procédures ont été établies pour tout le matériel informatique et les téléphones afin de limiter les risques d'espionnage et les malware (programmes malveillants)», a-t-on assuré.
«Je n'utilise pas de smartphone»
L'affaire des cadeaux offerts par le président Poutine, ancien agent du KGB, les services secrets de l'ex-URSS, intervient en plein scandale de l'espionnage et de la collecte illégale de données personnelles par la NSA, l'agence de sécurité américaine, soupçonnée d'avoir espionné les communications de la chancelière allemande Angela Merkel et de 34 autres dirigeants de la planète. «La Commission européenne a un système de sécurité extrêmement au point» pour protéger ses téléphones et ses bases de données, a assuré M. Vincent. «Elle utilise du matériel dernier cri pour protéger les communications du Président Barroso et des commissaires», a-t-il affirmé.
Chargée des négociations avec l'administration américaine sur la protection des données des citoyens de l'UE collectées par les géants de l'internet, Viviane Reding, la commissaire européenne en charge de la Justice, a ses méthodes bien à elles pour assurer la confidentialité de ses communications. «Je n'utilise pas de smartphone (...). Toutes les questions sensibles, je les discute directement avec les personnes concernées», a-t-elle confié en juillet au quotidien Suddeutsche Zeitung.