Tant que l’enquête n’est pas terminée, Téhéran a mis en garde contre toute spéculation sur l’identité de ceux qui ont assassiné, le 28 septembre dernier, Mojtaba Ahmadi, le responsable des opérations cybernétiques iraniennes.
Et pour cause! Par le passé, plusieurs scientifiques concernés par les programme nucléaire et balistique iraniens ont été tués par des inconnus, supposés agir au nom des services secrets israéliens. Des mesures de sécurité supplémentaires avaient alors prise pour améliorer la sécurité des chercheurs. Visiblement, pour Mojtaba Ahmadi, elles ont été prises en défaut.
Le corps de ce dernier a été retrouvé dans un secteur boisé de la ville de Karaj, située non loin de Téhéran. Il aurait été abattu de deux balles dans le coeur, selon un site d’informations lié aux Gardiens de la révolution. La police locale a affirmé que deux hommes à moto seraient impliqués dans cet assassinat.
En 2010, l’Iran avait été la cible d’une attaque informatique particulièrement bien élaborée avec la diffusion du virus Stuxnet. Pour autant, ce pays n’est pas en reste puisqu’il a été accusé d’en avoir lancé à plusieurs reprises, notamment aux Etats-Unis, où les pirates iraniens ont visés des banques, des entreprises liées au secteur de l’énergie et plus récemment, les réseaux informatiques de l’US Navy et de l’US Marine Corps.
“Les cyber-attaques iraniennes contre Israël et ailleurs dans la région constituent une menace croissante mais l’on n’a encore jamais vue une attaque importante et soutenue”, a relativisé Shashank Joshi, un expert du Royal United Services Institute (Rusi), dont les propos ont été reprise par le Daily Telegraph.
Sauf que, les experts américains de la sécurité informatique ont une autre estimation des capacités iraniennes en la matière. “L’Iran est très actif”, a affirmé, James Lewis, un ancien fonctionnaire d’État, désormais spécialiste de la cybersécurité au Center for Strategic and International Studies alors qu’il était interrogé par le Wall Street Journal. “Ils sont meilleurs que nous le pensions”, a-t-il ajouté en estimant que ces progrès étaient sans doute dus à un appui russe.
Ainsi, en mai dernier, des pirates iraniens ont réussi à infiltrer les serveurs d’entreprises américaines afin de rassembler des informations sur les réseaux de distributions d’énergie aux Etats-Unis. Prendre leur contrôle permettrait, théoriquement, à des personnes mal intentionnées, de couper, par exemple l’alimentation électrique de villes entières. Ce scénario est la crainte des responsables américains, qui parlent souvent la perspective d’un “Pearl Harbor” cybernétique.